Rave lointaine et clip intemporel.
Il y a quelques mois, proche de la démarche de ce qu’a fait récemment le producteur Molécule au Groenland (l’album -22.7°c), Maud Geffray, moitié du duo Scratch Massive (quatre albums avec Sébastien Chenut dans les années 2000), revenait de Laponie, les poches pleines d’un album glacial et brûlant, très justement nommé Polaar. Au Nord, au-delà du cercle polaire et à l’intérieur d’une région – la Laponie, en Finlande – où l’on peut notamment trouver le village du Père Noël (information authentique), la productrice a croisé peu de monde (la région est relativement peu fréquentée), mais puisque le vide agit souvent ainsi, a pu remplir le cerveau d’idées nouvelles. Ce sera donc l’album Polaar, coincé dans un univers où se rencontrent musique techno minimale, mélodies pop, tensions raveuses, mélange hypnotique et fascinant où demeure effectivement cette idée de vide, de froid, solitude étrangement comblée par un outillage électronique complexe.
Sur cet album, dont on vous avez déjà quelques fois parlé (via les mots dans À la dérive, ou via les platines dans le Nova[Mix]Club), figure notamment le titre « Ice Teens », morceau à la rave lointaine et aux chants spectraux aujourd’hui illustré par un clip réalisé par Thomas Vernay, et qui propose une réflexion sur ces formations, intellectuelles ou physiques, qui nous édulcorent et nous castrent, mentalement parlant, au service d’une idéologie à laquelle on n’est pas nécessairement obligé d’adhérer.
Voilà ce qu’on nous en dit, de ce clip-là :
« Quelque part dans un internat isolé une jeune fille intègre une formation particulière. Le clip met en scène un groupe de jeunes filles amenées à se dépasser physiquement et mentalement. On se rend compte au fur et à mesure que le but de cette formation n’est pas vraiment celui que l’on croit. En inversant les codes et en formant les jeunes filles à se faire exécuter et non l’inverse, l’histoire nous confronte à l’absurdité de l’éducation, des pensées uniques. C’est la civilisation qui s’effondre. Elles apprennent dès lors à mourir dignement sans être effrayées en se déshumanisant totalement. Si les thèmes de ce clip résonnent bien évidemment avec l’actualité, la mise en scène en rend le contexte et l’époque insaisissables. Les questionnements que porte le clip sont intemporels. »
Quelques lives arrivent pour Maud Geffray : le 23 mars au Festival Nouvelles Scènes de Niort , le 21 avril à La Machine du moulin Rouge, ou le 28 avril à Quimper.
Visuel : (c) capture d’écran du clip