Elle vient de recevoir un doctorat, à titre posthume.
Elle est l’une des pionnières de la musique électronique, pourtant longtemps restée inconnue. Delia Derbyshire vient d’être diplômée par l’université de sa ville de naissance, Coventry, en Angleterre. Un doctorat à titre honorifique, qui rend enfin à cette précurseuse le crédit qu’elle mérite. Née à Coventry, donc, en 1937, elle a travaillé dans les années 1960 et 70, notamment au Radiophonic Workshop de la BBC. Elle y a créé en 1962 l’un des sons les plus familiers de la culture britannique : le générique de la série Doctor Who.
Elle aurait fêté ses 80 ans cette année, mais l’ingénieure du son est décédée en 2001, dans un relatif anonymat. Selon le Guardian, ses années passées à la BBC lui ont permis de développer « un type de musique entièrement nouveau, en enregistrant des notes sur bandes, puis en lisant celles-ci plus ou moins rapidement. »
C’est ainsi qu’elle a transformé la partition écrite par Ron Grainer pour Doctor Who en ce morceau incroyablement futuriste pour le début des années 60. Ce générique est devenu totalement culte, et a évolué au fil des saisons de la plus longue série du monde sans jamais perdre l’identité planante et inquiétante que lui avait donné Delia Derbyshire. Mais à l’époque de sa création, cette dernière n’est même pas créditée pour ses arrangements.
Pas question d’oublier Delia Derbyshire
Après dix ans passés à la BBC, elle a notamment été approchée par Paul McCartney pour les arrangements de « Yesterday ». Mais par la suite, son champ d’activité étant traditionnellement réservé aux hommes, elle ne parvient pas à trouver un emploi et finit par travailler dans un musée, puis dans une petite librairie, loin des studios. Un destin pour le moins injuste alors qu’elle est aujourd’hui considérée par ses pairs comme l’une des pionnières de la musique électronique.
Interviewé par le Guardian, Mark Hayres, un ingénieur du son à la BBC explique que « tous les compositeurs de ma génération intéressés par le son et la musique électronique n’ont pu qu’être influencés par le talent de Delia. » Celle-ci, selon le quotidien anglais, aurait été inspirée dans son travail par le son des bombardements sur l’Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’anonymat dans lequel est restée Delia Derbyshire pendant de longues décennies est le malheureux sort que réserve souvent l’Histoire aux femmes un peu trop en avance sur leur temps. L’université de Coventry a voulu rectifier le tir, en lui décernant les honneurs académiques qu’elle mérite. L’Université va également lancer une série d’ateliers portant son nom, destinées à encourager les jeunes femmes à se lancer dans des études musicales et mathématiques.