« Street Life »,« Madchester », « Garçon Sauvage » et « Digital Kabar » : quatre thèmes pour une folie sonore sur l’Île intense.
Comme chaque année, début mai, Nova s’envole en direction de l’île de La Réunion pour rejoindre le festival Les Électropicales. L’année dernière, le festival fêtait son dixième anniversaire ; pour cette onzième édition, c’est en plein air, sur le Barachois, entre les montagnes surplombant Saint-Denis et l’Océan Indien, que le festival s’est installé.
En deux jours de festival, deux scènes et quatre ambiances, les programmateurs des Électropicales ont encore une fois rendu hommage à la musique électronique, à sa diversité et à son histoire. Avec « Street Life », « Madchester », « Garçon Sauvage » et « Digital Kabar », ces quatre thèmes mis en avant pour nous prouver que la musique électronique ne cesse de se réinventer chaque jour et ne peut se circonscrire à des frontières, esthétiques ou géographiques.
Tout d’abord Hamza et Kekra, par leur maîtrise de l’autotune, se sont joué, comme à leur habitude, des limites de leurs voix pour proposer des mélodies entêtantes et ainsi, représenter le rap et sa relation aux musiques électroniques aux Électropicales. Mais Street Life, c’était aussi AZF, cette DJ capable de tout et qui, dans un set brutal et incisif, nous a fait danser indifféremment sur de la trap ou de la techno.
Bien entendu, et le festival réunionnais ne s’y est pas trompé, la musique électronique c’est aussi Manchester – ou plutôt Madchester – et l’émulsion créative qui est sortie de l’Haçienda, son club mythique. Sur scène, on a ainsi pu profiter de l’énergie folle du duo de cyber-punk Nova Materia, ou encore des synthés hypnotiques de Kilkil qui ont électrifié le dancefloor. Enfin, ce n’est autre que Dave Haslam – Monsieur Dave Haslam – qui a répondu présent aux Electropicales et qui nous a ramené un peu d’acid-house tout droit sortie de l’Haçienda.
Tombés sous le charme – et on peut le comprendre – lors leurs soirées au Sucre à Lyon, les Electropicales ont laissé carte blanche au collectif PLUSBELLELANUIT pour le troisième line-up : Garçon Sauvage. Nous y avons ainsi découvert une musique totalement décomplexée, à l’image de ses artistes queers, drags ou transgenres qui n’ont que faire de rentrer dans des cases et qui se jouent impertinemment des codes. Au programme donc, la gqom percutante du duo sud-africain Faka, l’italo disco funky de Doctr ou encore la house langoureuse et sexy du trio dOP.
Digital Kabar, ou la « fête électronique » à la réunionnaise, fut la dernière thématique de cette onzième édition du festival. Les kabars ce sont ces fêtes cérémoniales et traditionnelles de l’île : des fêtes synonymes de transe et de libération. Loya et Menwar, en résidence à la Cité des Arts de Saint-Denis, nous ont ainsi proposé un show commun inédit, mêlant machines électroniques et instrument traditionnels, pour un moment d’évasion dans les sonorités de l’Océan Indien. Si le terme kabar est réunionnais, l’élan de liberté et d’émancipation qu’il représente est, lui, planétaire : tout comme la musique électronique. C’était donc logique d’entendre sur cette scène le set audacieux de la très talentueuse DJ tunisienne, Deena Abdelwahed, ou de retrouver, tout droit venu de Détroit, les membres de Scan7.
C’est donc une programmation mûrement réfléchie, cohérente tout en sortant des sentiers battus qui nous a été proposée pour cette onzième édition des Electropicales. Des artistes qui reflètent parfaitement de ce que peut être la musique électronique : polymorphe, vivace et libre. Si chaque année vous hésitez entre partir en vacances ou en festival, maintenant, vous saurez quoi faire l’année prochaine…
Visuel © Radio Nova / Léonard Dubin