C’est en tout cas ce qu’avance une étude anglaise.
En 2016, à Altena, dans l’Ouest de l’Allemagne, un jeune pompier du nom de Dirk Denkhous tente de mettre le feu à un centre d’accueil pour réfugiés. Son procès a démontré qu’il s’était récemment isolé socialement et abreuvé des messages xénophobes publiés en ligne, notamment sur les pages institutionnelles d’Altena. Pourtant, lorsque le maire de cette ancienne ville industrielle, appauvrie ces dernières années, avait annoncé l’arrivée d’exilés, la réponse avait été globalement positive. IRL seulement. Élans racistes, menaces, fake news déshumanisant les réfugiés… À Altena, la majorité de la population s‘accorde à dire que Facebook a joué un grand rôle dans l’extrémisation des opinions, et notamment celles qui ont poussé Dirk Denkhous au crime.
Comme le rapporte le New York Times, une étude de l’Université de Warwick est parvenue à une conclusion simple : Facebook expose les communautés à la violence raciale. Les chercheurs Karsten Müller et Carlo Schwarz ont étudié les communautés allemandes dans lesquelles ont eu lieu 3 335 attaques anti-réfugiés depuis 2016, selon ces critères : démographie, économie, implantation de l’extrême droite, ventes de journaux, nombre de personnes réfugiées, historique des crimes de haine, nombre de manifestations. Dans tous ces endroits, qu’ils soient ruraux ou urbains, l’utilisation de Facebook était plus élevée que la moyenne allemande.
L’effet Facebook
Müller et Schwarz en ont tiré une conclusion statistique : dès que l’utilisation du réseau social atteint un certain niveau, le risque de crimes anti-réfugiés augmentent de 50%. Pour les chercheurs, un dixième de ces actes a effectivement été le résultat de cet effet. L’étude insiste sur le fait que la même observation ne s’applique pas à l’utilisation d’internet en général, il est bien question, clairement et uniquement, de Facebook.
La firme de Mark Zuckerberg a intensifié sa lutte contre les messages de haine et les fake news, notamment depuis que la justice américaine l’accuse d’avoir indirectement influencé la dernière élection présidentielle. Le Washington Post révélait d’ailleurs cette semaine que le réseau s’est récemment mis à noter la confiance accordée à ses utilisateurs. Un score utilisé uniquement en interne, afin de combattre les fake news.
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