Le français vient de sortir son deuxième album, « Contre-temps ». Il en parle avec David Blot dans le Nova Club.
Flavien Berger était avec nous dans le Nova Club ce 4 octobre à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Contre-temps. Il y a quatre ans, il sortait l’album l’album Léviathan, qui avait alors amené la pop interprétée en Français très loin, là où il est en réalité assez rare de pouvoir la trouver. Signé sur l’un des labels français les plus audacieux de ces dix dernières années (Pan European Recording, où sont signés Poni Hoax, Judah Warsky, Koudlam ou Maud Geffray) il dévoile aujourd’hui un disque aux frontières de la faille spatio-temporelle. Flavien Berger, David Blot : la rencontre.
Es-tu allé voir dans un magasin si ton disque est sorti ?
Flavien Berger : Oui, je suis allé chez Gibert Barbès, et ils n’en avaient plus. Bon en même temps, ils n’en avaient pris que deux. J’ai demandé à un pote d’aller se renseigner pour moi, et moi je me cachais dans un coin…
« « Contre-temps » essaye de comprendre la musique comme si elle était un cadran temporel dans lequel on pourrait se balader dans les souvenirs, comme un voyage dans l’inconscience… » Est-ce que ça n’est pas un piège de la musique, le fait de rester bloqué dans son adolescence et ses premiers émois musicaux ?
Flavien Berger : C’est drôle car justement, Contre-temps n’est pas un disque qui parle du passé. C’est un disque qui parle du maintenant, qui s’accroche au présent. Quand je parle de souvenirs, je pense à des choses assez proches, comme on peut se souvenir de ce qu’on a vécu hier, et qui peut déjà être très intense. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une plongée dans les souvenirs de l’enfance, ça n’est pas un disque mélancolique. J’essaye toujours d’avoir des approches un peu « méta » : dans Léviathan [son premier album, ndlr] par exemple c’était la rencontre avec ce grand monstre qu’est la musique, comment on peut se perdre dedans. Si on imagine que le disque est un volant, le tableau de bord d’une machine à voyager dans le temps, quand on tourne à gauche ou à droite…vers quel souvenir va-t-on ?
Observes-tu dans ton approche de la musique des influences adolescentes qui t’ont davantage marquées que ce que tu as entendu hier ?
Flavien Berger : Ce sont vraiment des flux qui s’entremêlent. En effet dans ce disque, le tempo est un peu plus lent, on se rapproche de rythmiques RnB ou soul, des musiques que j’ai beaucoup écoutées enfant. Mais au-delà du BPM, je ne pense pas être allé puiser beaucoup dans mon enfance.
Quand on écoute un album, il y a parfois des souvenirs personnels, qui n’ont rien à voir avec le disque, qui surgissent. Est-ce qu’un musicien peut avoir aussi des flashs, quand il entend à nouveau des extraits de ses morceaux ? Les morceaux te ramènent-ils des souvenirs du moment où tu l’as créé ?
Flavien Berger : À fond. C’est automatique, les souvenirs me reviennent instantanément à l’esprit. En réalité, on ne sait pas trop à quel moment on a fait le morceau. Parfois, on tape les premiers accords et il existe, parfois c’est quand on a trouvé le petit son que personne n’entendra qu’on sent qu’on a mis le tour de clé final. Par exemple, « Brutalisme », c’est un morceau qui n’a longtemps rien dit, c’était du yaourt, j’avais juste un gimmick de mélodie en tête. Je l’ai écrit très tard, et c’est un des morceaux pour lequel j’ai le plus écrit, de paroles et de drafts.
Je suis en train de lire une biographie de Brian Wilson. Est-ce que tu as parfois cette peur, comme lui et comme certains artistes, de rester bloqué, de ne pas arriver à terminer un album ? Ça semble labyrinthique.
Flavien Berger : Oui, je ressens cette peur. Mais c’est une exigence par rapport à soi-même, une façon de s’éduquer dans la conception musicale. C’est au mastering du disque, la dernière étape, que je me suis rendu compte que la voix était très forte, en avant, très chanson.
C’est un truc très chanson française de mixer avec la voix très en avant. Est-ce que ça veut dire que tu as moins peur de ce que tu veux exprimer ?
Flavien Berger : Oui, car les mots prévalent sur tout. Ça veut dire que j’ai davantage bossé mes textes et que je suis plus en phase avec ce que je raconte, que je me cache moins derrière des métaphores ou des histoires un peu fantastiques. Je pense que je suis plus proche des sentiments et de quelque chose d’un peu plus sensible.
Flavien Berger sera en concert [complet]à l’Olympia le 19 novembre.
Visuel (c) Facebook Flavien Berger