Le tube de Blondie est longtemps resté une démo, avant de s’exposer à la face du monde.
Chaque lundi dans BAM BAM (le Bureau des Affaires Musicales de Nova), vous raconte un morceau sur lequel nous avons tous dansé, et l’on décrypte l’hymne d’un week-end. Aujourd’hui, c’est l’histoire d’un titre que vous connaissez forcément, mais dont vous ignorez peut-être toute l’histoire.
Un morceau, plusieurs vies
Ce morceau, c’est « Heart of Glass » du groupe Blondie, qui sort en 1979 et qui devient immédiatement numéro 1 aux États-Unis, en Angleterre, en Australie, au Canada, en Allemagne. Mais l’histoire de ce morceau, celle qui le rend particulièrement fascinant, remonte à quelques années auparavant.
Nous sommes en 1974, à New York. Le groupe, réuni autour de la chanteuse Debbie Harry, enregistre une démo, une chanson assez lente, assez funky dont les paroles disent « Once I Had a Love ». À l’époque, le groupe fait plutôt du rock, de la pop, du punk – et ce « Once I Had A Love » a un beat si particulier que le groupe décide de le surnommer « The Disco Song », la chanson disco.
Once I Had a Love
Si le titre deviendra, plus tard, un tube interplanétaire, le groupe décide néanmoins, d’abord, de ne pas le garder pour son premier album. Blondie le trouve trop plaintif, pas assez efficace. Pendant un bout de temps, Debbie Harry et les autres essaient d’en changer les rythmiques, de le transposer sur un mode plus mélancolique, puis plus reggae, puis plus pop. À court d’idées, Blondie laisse ce titre trainer dans des cartons pendant quelques années. Jusqu’en 1978, en fait.
Cette année-là, un producteur – un certain Mike Chapman – leur demande ce qu’ils ont comme morceaux en stock. Le groupe, pas forcément convaincu, présente leur démo de « Once I Had A Love ». Le producteur, lui, est tout de suite convaincu : il leur recommande de recommencer le travail sur ce titre qui va bientôt se métamorphoser.
Blondie, traîtres disco ?
Entre-temps, les garçons du groupe sont tombés sur une nouvelle machine, un nouveau joujou : une Roland CR-78, une boîte à rythme qui change tout. À cette époque, voir des rockeurs, qui plus est guitaristes, s’intéresser à cet instrument électronique n’est pas un geste banal. Et ils en font d’ailleurs un usage assez surprenant, combinant une vraie batterie avec la drum machine. Et c’est ce tour de passe passe musical qui change tout et qui fait du morceau un tube incroyable.
On est en 1978, le morceau « Heart Of Glass » sort sur l’album Parallel Line, où l’on entend aussi la version démo de ce morceau. Si ce titre est un tube en quelques semaines, c’est aussi un objet de polémique : on reproche à Blondie, qui donnait jusque-là dans le punk anti-conformiste, de céder aux sirènes de la musique disco.
Le groupe, lui, ne regrettera jamais ce choix. Aujourd’hui encore, ce morceau est un hymne des pistes de danse, et le label Numero Group vient de sortir un disque spécial consacré à l’histoire évolutive de ce « Heart Of Glass ». Un disque où l’on entend six versions du morceau, des débuts balbutiants à des remixes éclatants. Le disque en question s’achète par ici.
BAM BAM, c’est le Bureau des Affaires Musicales de Radio Nova, animé par Sophie Marchand et Jean Morel, du lundi au vendredi sur Nova.
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