« Songs You Make At Night » : le cinquième album de Tunng est un petit chef-d’oeuvre.
Au début des années 2000, et en marge de la démocratisation des musiques électroniques (liée aussi à la démocratisation du web, et de ces logiciels qui permettent de faire du son depuis son ordinateur personnel, à la maison), née la folktronica, un terme pas bien joli pour une musique qui, elle, s’avère absolument superbe. La rencontre des musiques acoustiques (tendance folk anglo-saxonne) et des musiques électroniques (tendance electronica) qui donne un contour net au genre, voit le jour, notamment, avec les premiers albums de Four Tet et de Caribou (qui s’appelait alors Manitoba), des artistes qui ont la particularité de s’avérer, c’est idéal, aussi bien producteurs (de musique électronique) que musiciens (Kieran Hebden, aka Four Tet, fut guitariste dans le groupe Fridge, et Daniel V. Snaith, aka Caribou, assure le plus souvent les percussions lors de ses lives).
Pause de Four Tet (2001), The Milk of Human Kindness de Manitoba (2005) sont ainsi considérés, rapidement, comme les premiers éléments d’un genre qui, schématiquement, échantillonne des instruments acoustiques et les mixe avec des sons générés par ordinateur. Autre élément fondateur d’un genre qui en influencera beaucoup d’autres (The Books, Juana Molina, et même Björk ou Alt-J), le disque Mother’s Daughter and Other Songs de Tunng, premier essai d’un groupe articulé autour d’un duo londonien (Sam Genders et Mike Lindsay), qui a notamment la particularité d’utiliser sur son disque, en guise d’instruments…des coquillages.
Pour Tunng, le premier album est synonyme de premier succès. Et si la formation du groupe évolue rapidement (Sam Genders s’en va vers de nouveaux horizons en 2007), d’autres albums suivront (quatre entre 2006 et 2013), jusqu’à Songs You Make At Night, dernier disque en date du groupe sorti la semaine dernière, sur le bien nommé label Full Time Hobby.
Pour ce cinquième album, le groupe est de retour dans la formation qui fut la sienne en 2007 (Sam Genders et Mike Lindsay, récemment vu aux côtés de Laura Marling dans le cadre du side project LUMP, sont tous les deux de la partie). « Nous voulions absolument enregistrer un nouvel album avec les membres originaux de Tunng » explique Mike Lindsay, « il y avait une vraie magie sur les premiers albums que nous voulions capturer à nouveau sur celui-ci ».
Toujours pourvu de cette étiquette folktronica qui lui collera, a priori, toujours au corps, Tunng livre pourtant avec Songs You Make At Night son album le plus électronique, comme en témoigne par exemple son ouverture, le très séduisant et onirique « Dream In ».
« J’ai voulu aller vers l’idée d’un monde sous-marin sombre mais où percerait des poches de lumière et de beauté », affirme Sam Genders. « Certaines chansons sont nées de cette idée. Cette interaction entre les ténèbres et la lumière est certainement un thème fort sur les disques récents. En ce moment j’écoute souvent dans la voiture nos trois premiers albums, pour retourner à cet état d’esprit avant d’écrire.
Dans l’ombre, Tunng invite ainsi un peu de lumière. Et de rêveries. « Je pense qu’il est aussi important de souligner les chansons que tu ne fais pas de nuit, et celle que nous faisons la nuit », poursuit Sam Genders. « Quant au mot « chansons », il peut signifier une multitude de chose. Il peut signifier les chansons, les rêves, les discussions sur l’oreiller ou les actions et les décisions, les mouvements, et c’est un mot qui peut être très personnel… les pensées qui te gardent éveillées la nuit. »
Tunng, Songs You Make At Night, 2018, Full Time Hobby / [PIAS]
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Visuel : (c) Eva Vermandel