L’art de détourner les algorithmes.
C’est une bien drôle d’histoire qui a été mise en avant par le site Music Business Worldwide. Dans un papier du 20 février dernier, le site dévoile une escroquerie d’envergure qui aurait été menée par un utilisateur bulgare du réseau de streaming.
L’histoire remonte à l’été dernier, et il est probable que cet utilisateur soit parvenu à gagner un million d’euro en royalties, mais le mieux c’est que cela a été fait en toute légalité.
À l’heure où beaucoup de débats entourent, en France, la véracité de chiffres de streaming, notamment du rap, véritable poule aux œufs d’or des plateformes, voilà une nouvelle faille technique qui est mise à nue pour le géant suédois Spotify.
Si la plateforme affirme prendre « très au sérieux les manipulations artificielles du streaming sur (sa) plateforme ». Spotify possède de multiples méthodes de détections de fraudes pour repérer et enquêter sur ses activités. « Nous cherchons en permanence à réduire tout impact frauduleux sur les véritables créateurs et ayants-droits ».
Il faut dire que cette fois-ci, le plan du brillant Bulgare était millimétré. Sans jamais véritablement enfreindre les conditions d’utilisations de Spotify, il a brassé des centaines et des centaines de milliers d’euros.
Son tour de force a été de réussir à placer deux playlist de sa création : Soulful Music et Music from the earth dans le cercle très fermé des playlists les plus écoutées tous les mois aux États-Unis.
Mais l’astuce ultime réside dans les fait que ces playlists contenaient pas loin de 500 morceaux… Qui étaient tous des créations dudit Bulgare. Tous les droits d’auteurs tombaient donc dans son compte en banque.
Habile.
Mais la ruse va bien plus loin. Les morceaux sont très souvent très courts, et excèdent rarement une minute. Pas besoin de se casser la tête à composer des morceaux compliqués pour gaver ces playlists de contenus.
Il ne restait donc qu’à faire en sorte que ces playlists deviennent populaires… Et forcer l’instinct grégaire des auditeurs un peu bêtes qui surfent sur la plateforme.
La technique est toute simple, ce Bernard Madoff du streaming, a créé 1 200 faux comptes auxquels il a fait lire en boucle les fameuses playlists de sa concoction. Une fois toute cette industrie en plein régime ses playlists tournaient autour de 72 millions de lectures mensuelles.
D’après Music Business Worldwide, ce stratagème lui permettait de gagner 288 000 euros par mois, pour un investissement de 1200 x 10 euros (le prix d’un abonnement) soit 12 000 euros. Une ruse qui aura duré quatre mois avant que Spotify ne s’en aperçoive.