Companeros s’ouvre sur une citation de Kafka. Un indice clair : il va être question dans le film d’Alvaro Brechner de claustration et de condition humaine. En l’occurrence, celles de Pepe Mujica, Mauricio Rosencof et Nato Huidoboro; trois Tupamaros (des activistes en lutte contre la dictature militaire aux commandes de l’Uruguay après un coup d’état) engeôlés un soir de 1973. Ils n’en ressortiront que douze ans plus tard. Brisés physiquement pas mentalement par ces années de détention en quasi total isolement.
L’histoire est vraie. Pépé Mujica est même devenu un emblème, à la Mandela, local en ayant grimpé les échelons de la politique et fini par être président du pays en 2010. Mais ce qui intéresse Brechner reste le parcours de ces trois compagnons d’idéaux lorsqu’ils furent mis au silence. Companeros est un film de prison pas comme les autres quand il retourne les codes d’un cinéma de genre pour en faire un film de résistance. Comme avant lui, Hunger sur les grèves de la faim en Irlande ou L’aveu sur les purges soviétiques.
Companeros joue dans la même cour d’un cinéma qui tienne à la fois du divertissement (enfin, façon générique de parler, vu la rudesse de son contexte) et de la tribune universelle contre l’enfermement, qu’il soit physique ou mental. Le fonds politique s’estompe pour aller vers le récit existentiel d’une survie. Une histoire de triomphe de la volonté vieille comme tous les régimes totalitaristes, mais qu’il reste toujours bon de raconter.
A.M
En salles le mercredi 27 mars
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Compañeros | Paris || à partir du mercredi 27 mars