La salsa du démon ?
Michel Houellebecq a toujours flirté avec l’anticipation, le futur, la spéculation sur l’avenir, tel une madame soleil qui aurait été finaude et intello, avec une boue de cristal dans son écran d’ordi.
En 1994 dans « Extension du domaine de la lutte » , il prévoyait que les informaticiens seraient des ouvriers spécialisés , une classe moyenne frustrée. En 1998 , avec « Les particules élémentaires » il se lançait dans les clones et la vie éternelle. En 2001, dans «Plateforme », il s’attaquait au tourisme sexuel et aux attentats islamistes. En 2005, dans « La possibilité d’une île », il osait les sectes et l’amour libre. Enfin en 2010, avec « la carte et le territoire », il flirtait avec l’art conceptuel, puis une France « tout touristique »…
On note que dans tous ces thèmes, il mélange le « déjà là », et le « possible » avec le « futur lointain « … déjà, l’auteur -jongleur, dissimulateur, illusionniste, montre le bout de son nez . Car ne nous y trompons pas, le succès du petit Michel, devenu gourou en 20 ans, passe par une alchimie qu’il a mis patiemment au point .
En effet sa pertinence est souvent du culot, ses connaissances du copié collé, et son «incorrection » savamment dosée . Vous remarquerez qu’il saute toujours d’un sujet à l’autre , comme un cuisinier avec ses épices et les plats de son menu .
Avec son style docte et classique, langage dix neuvième, ses citations d’auteurs peu connus ou dépréciés, il nous claque son érudition dans la figure. Puis, scandaleux ou libertin, il nous sert de l’échangisme, du sexe tariifé ou autre partouze, pour la détente de nos neurones. Voici alors de la conso pure et dure : de la parka à l’appareil numérique. Enfin, de la bouffe : surgelée ou cuisinée avec quelques vins reconnus. Il peut alors passer à une théorie économique ou a des notions techniques de géopolitique ou d’idéologie scientifique
Et nous voilà achevés, conquis, admiratifs devant le petit génie qui ne se la joue pas, et fume partout, insolemment, en chemise démodée et froissée .
2015 : « Soumission », et la sauce Houellebecq toujours au point, avec les ingrédients cités plus haut . Le « déjà vu » qui fait mal, les prévisions folles mais plausibles, le ton mesuré et docte du littérateur, sans oublier le désespoir romantique et les pulsions sexuelles salaces.
Mais cette fois , c’est tout le pays, perdu et à bout, flingué par une classe politique et technocratique en dessous de tout, qui va céder aux lois musulmanes, au grand basculement vers un islam modéré, pour le plus grand profit de tous…
A travers la vie terne d’un prof de fac « à la ramasse », entouré d’excités ou d’ arrivistes, flirtant avec flics haut placés ou des officines vaguement suggérées, se danse un menuet de conciliation avec nos frères musulmans, pour le retour au calme de notre société éclatée .
En passant, la seule qui résiste au découragement et à la paresse, c’est MARINE ! Et ça c’est la quenelle façon Houellebecq.
Quand à ce qu’il pense vraiment de cette comédie doucereuse et qu’il aimerait dévastatrice, je ne vous ferai aucun dessin, à vous de comprendre ce que le joueur de flûte Michel veut, en nous entrainant tous à sa suite, avec sa petite musique…
Aurait il une mission cachée, et une cagoule, comme le sous commandant Marcos ?
« Aie confiance… entre dans la danse… » , comme chantait en nous hypnotisant , le serpent du livre de la jungle .
SOUMISSION. par Michel Houellebecq . Editions Flammarion ..