Grands espaces.
Pour comprendre le MEXIQUE, le moyen le plus rapide est d’y aller.
La lumière, l’espace, les bâtiments et surtout la population y sont uniques, colorés, si vivants et pittoresques pour nous, Européens, que ce pays a été, tout au long du XXe siècle, un lieu de fantasmes.
Tout a contribué au succès de cette terre magique : les volcans, les temples précolombiens, la révolution, le désert, les cactus, les plages, le folklore si coloré et original… Le Mexique reste un Eldorado.
Hollywood ne s’y est pas trompé, y faisant ses westerns glamours, de Vera Cruz (Burt Lancaster – Cooper) à la « One eyed jack » (Brando) et toutes les beautés du cinéma se sont déguisés en Poncho et jupons pour faire la belle mexicaine, ou l’irrésistible métisse.
EISENSTEIN, comme BUNUEL y ont fait leurs plus beaux films et tous les artistes y sont allés en pèlerinage (Antonin Artaud, André Breton, Alechinsky…) Les artistes mexicains vont influencer Picasso comme Jackson Pollock.
La mode en fait régulièrement son thème : Poncho, Sarape, Sombrero et Santiags sont devenus des basiques. Le tourisme expédie des milliers de gens se pâmer sur TENOCHTITLAN, MONTE ALBAN, et les plages des MAYAS au Yucatan sont l’Ibiza des Américains (springbreak).
Moins connu : on doit aux tribus mexicaines (Olmèques, Zapothèques, Toltèques, Chichimèques…) le café, le maïs, les carottes, toutes les courges, courgettes, potiron et concombres, la pomme de terre et la Tequila, tabac et haricots…) Ces jardiniers raffinés ont réussi des miracles, qui sont devenus notre pain quotidien.
Le XXe siècle et la révolution (1910-1920), avec Pancho VILLA et Emiliano ZAPATA ont un parfum romantique à cause des lieux grandioses, des tenues si belles, sur fond de baroque espagnol, malgré la violence.
L’exposition au Grand Palais tente de nous montrer une part de la RÉVOLUTION ARTISTIQUE qui s’en est suivi avec les MURALISTES et leurs immenses fresques. Principalement Jose Clemente OROZCO, David Alfaro SIQUEIROS et le célèbre Diego RIVERA (et son couple encore mythique avec Frida KAHLO).
Ces hommes en voulant éduquer le peuple, raconter la vraie histoire mouvementée et cruelle du Mexique, et révolutionner l’Art Moderne, ont influencé le monde entier et l’art n’a plus été le même. Un peu comme les FUTURISTES italiens, ils voulaient être expressionnistes, modernes, en mouvement, et par de-là toutes les règles, sans chevalet, ni musée !
Ils ont inventé pour cela le STRIDENTISME et surtout le MURALISME ! Peindre en format géant, sur les murs des universités, bâtiments administratifs, palais de justice ou écoles, ils ont réalisé des fresques historiques, des scènes de foules, d’histoire, de vie quotidienne en hommage au peuple mexicain.
Tout dans ce pays est héroïque: des peuples précolombiens, aux conquistadores, et à la révolution sociale et agraire, en passant par des personnages hors-norme, plus grand que nature. Et ces peintures, panoramiques, parfois peinte en perspective, comme au grand angle (effet Fish eye), débordantes de corps, parfois en gros plans, faisant penser au cinéma ou à la photo.
Indéplaçables, ces merveilles ne se voient que sur place. Le Grand Palais tente d’en évoquer la puissance mais surtout l’histoire, l’effervescence de la création, les cinéastes, photographes (Edward Weston et Tina Modotti), architectes mais surtout quantité de peintres, graveurs qui ont honoré la beauté des « IINDIOS », ces peuples méso américains si naturellement beaux, évocateurs d’un paradis terrestre artisanal, agricole, plein de grâce, de modestie et de talent. Qui n’a pas rêvé d’un séjour dans une hacienda ?
Colonisé, exploité, maltraité, le peuple mexicain a conquis tous ces envahisseurs, continuant d’inspirer le monde par ses couleurs, ses formes, son ART ? Les Français, Espagnols, Américains ont tous été mexicanisés (même Kerouac et Burroughs quand ils y séjournaient !) C’est un peu le syndrome de l’Inde.
Le Mexique est un pays essentiellement PLASTIQUE : tout y est beau, dessiné, sculpté, stylisé avec franchise, force et éclairé par un soleil violent, une atmosphère magique, comme ses champignons, son PEYOTL et son MEZCAL.
Mais ce qui est unique dans ce mouvement artistique, c’est que pour une fois, les artistes se sont préoccupé des pauvres, de la justice sociale, et ont montré la beauté des délaissés, des paysans, des ouvriers, des femmes, des Indiens surtout. Leur décor, leurs tenues de simples « péones « , chaussés de « huarache », coIffés de paille…
Et c’est aussi ce qui fait tout le SOUFFLE de cette peinture.
Mexique 1900-1950. Grand Palais. Galeries nationales. Du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017.
Visuel : (c) Diego Rivera, Río Juchitán (détail), 1953-1955 – Museo Nacional de Arte, INBA Asignación al Instituto Nacional de Bellas Artes a través del Sistema de Administración y Enajenación de Bienes de la Secretaría de Hacienda y Crédito Público, 2015 ©Jorge Vert