Tambours d’Haïti chez Soul Jazz Records.
Il faut clarifier au maximum le sens et l’histoire du vaudou, cette religion africaine qui a su voyager, s’adapter et survivre, notamment à deux siècles de crime d’esclavage industrialisé (du XVIe au XIXe siècle) de l’Afrique et l’Europe vers le nouveau monde : Amérique et Îles. Ce voodoo, vaudou, vodun ou vodoun, vient principalement du Bénin et du Dahomey, et était la croyance des tribus fon, Ewe et Yoruba, et va se retrouver partout donc, entre Amérique du sud, Caraïbes et Amérique du nord…
Le seul bien (immatériel) qu’il restait aux déportés ! Santeria à Cuba, Candomble au Brésil, Shango à Trinidad, Obeah, Kumina et Pocomania en Jamaique, Dugu au Belize, et enfin le Vodou d’Haïti, le plus célèbre ? Il s’agit d’honorer et prier les saints du Vaudou, les Dieux et avatars, nommés Loas ou Lwas : entre autres Legba, Ogoun, Erzulie…
Pour chaque chose, et leurs noms varient selon la langue des pays où ils se sont installés, et parfois même ils sont associés aux saints catholiques ! Ces dieux doivent aider les croyants, au cours de cérémonies : parler, guider, libérer l’assistance (comme dans le Gospel ou dans le spiritisme). Pour ce faire, musique et transe vont permettre aux inspirés, aux médiums de se faire « posséder » par le LOA, qui va le « chevaucher » et révéler des parts de mystères, d’inspiration cachée, le tout guidé par un prêtre Vaudou.
Sur les parvis de nos cathédrales se jouaient aussi des « mystères », sous forme de théâtre d’initiés, concernant les saints, les miracles, les légendes, les martyrs, la passion du Christ … Les Africains, dépossédés de tout par l’esclavage, ont réussi l’exploit de sauver et de transmettre leurs croyances à l’autre bout du monde, en réunissant les fidèles pour ces transes sacrées et libératrices.
Et là, au pied de l’arbre, symbolisé par le « poteau mitan », intervient une musique, des chants et des appels, structuré par des rythmes de tambour. Les tambours aussi sont des voix, aux formes et aux timbres variés, et aux fonctions spécifiques, avec des sons, formes et rythmiques différentes.
Le label Soul Jazz sort son deuxième CD de tambours enregistrés en 2016 à Port-au-Prince en Haïti. La maison Nova, dont beaucoup de membres se sont rendus en Haïti, (mais aussi en Jamaïque, Nouvelle-Orléans, Antilles, Brésil…) avait pour grand projet un documentaire sur ces allers-retours des dieux africains, devenus grands voyageurs, ordonnateurs de musique et surtout lien dans les deux sens, y compris vers nous, Européens. Car cette religion complète, qui fait entrer tous les éléments dans ses rituels : eau, terre, animaux, métaux, sang, feu et surtout le son et les réflexes humains, mérite d’être comprise, notamment pour la beauté de ses éléments (costumes, statues, objets, et surtout dessins graphiques et symboliques).
Elle a été le soutien et le pilier des Africains et continue d’être pratiquée partout (il y a des chars « Candomblé « au carnaval de Rio, et des fêtes sublimes dans les « solars » de Cuba, et partout ailleurs de Saint-Domingue aux Antilles ont lieu des cérémonies). Mon Guédé (esprit) préféré est Baron Samedi, en haut de forme, habit, gants et guêtres. Il représente un peu la mort, mais aussi son opposé : la vie, le sexe. Renseignez-vous, le Vaudou est peut-être bon pour vous ?
Vodou Drums in Haiti. The living Gods of. Ritual Drums & Spirit Possession, Soul Jazz Records, 16 morceaux. Livret historique de 10 pages. (Pures percussions entremêlées, délicates et ultra)