À Harlem, la rencontre entre musiques hispaniques & afro-américaines.
Born Bad Records est décidément une entité surprenante. Label défricheur, le ton résolument libéré, il a pendant longtemps axé ses sorties sur des musiques aux résonances punk qui tache (post, cold, synth, garage…), avant d’ouvrir, progressivement, ses chakras vers des horizons nouveaux. Après Frustration, Cheveu, ou les compilations Des jeunes gens modernes, on a vu en effet le label, lancé il y a 10 ans (bon anniversaire) par Jean-Baptiste Guillot, sortir des disques du Suisse Stephan Eicher, de La Femme, rééditer le Camerounais Francis Bebey (Psychedelic Sanza 1982-1984), ou provoquer la rencontre Cheveu – Group Doueh, ou la fusion, inédite et réussie, du rock salasse des Bordelais avec le blues sablé des Sahraouis.
Latins, Afro-Américains, Antillais
Toujours plus surprenant et loin de ce qui avait constitué son ADN première, Born Bad (en collaboration avec Diggers Diggest) sort aujourd’hui Disque la Rayé, une compilation qui fait le point, pourquoi pas, sur la rencontre, à New York, entre les cultures hispaniques (via le cha-cha-cha, la patchanga) et afro-américaines (via le blues, la soul). La rencontre se fait dans le Harlem des années 60, et touche ensuite les Antilles françaises, qui le mélangent au yéyé, à la rumba congolaise, au kompa haïtien. Sujet pointu, sujet central, et un nom sur cette tendance : le Boogaloo.
Danse à la mode
Symbole d’un joli métissage, utopie sociale, danse à la mode pendant un temps (vous pouvez l’apprendre), le Boogaloo durera peu, rapidement dépassée par l’émergence de la salsa, et notamment aux Antilles. C’est cette histoire furtive et fulgurante que raconte cette compilation, sur laquelle l’on retrouve notamment David Martial, Dany Play, Henri Des, Les Vikings, et Maurice Alcindor, dont il faut notamment noter l’excellent « Sékirité », et ses divagations sur l’état de la sécurité sociale…
Une compilation à écouter, de fait, ci-dessous :
Visuel : (c) Born Bad