L’union de trois amis à travers trois continents en un album
Au coeur, il y a l’Afrique, d’où sont originaires Richard Bona, chanteur et bassiste d’origine camerounaise, et Lokua Kanza, chanteur multi-instrumentiste, arrangeur et producteur congolais.
Et puis, de l’autre côté de l’océan, la Martinique, terre d’origine de Gérald Toto, auteur-compositeur et, lui aussi, chanteur.
Enfin l’Europe, qui a permis leur rencontre, soldée par un premier album en 2004, Toto Bona Lokua, l’une des premières parutions du label de qualité No Format.
Bondeko (qui veut dire « fraternité » en langue lingala), sort 13 ans (!) après cette première collaboration. 13 ans de parcours individuels foisonnants, pendant lesquels leurs chemins se sont parfois croisés ; entre quatre albums (dont un nominé aux Grammy Awards) et des collaborations avec pléthore d’artistes comme Pat Metheny ou George Benson, Richard Bona apparaît notamment sur un disque solo de Lokua Kanza. Ce dernier, à la carrière tout aussi impressionnante (directeur du ballet national de Kinshasa à 19 ans, puis collaborateur de Papa Wemba ou Manu Dibango), aura aussi joué avec Jean-Louis Aubert ou encore Gal Costa ; Gérald Toto, quant à lui, publiera plusieurs albums solo et participera au projet Nouvelle Vague.
Une réunion tardive, pour une symbiose totale : enregistré en cinq jours dans le studio picard de Richard Bona, l’album est une déclaration d’amour à l’Afrique, dans sa multiplicité linguistique et musicale. Dès l’ouverture du disque, l’enchevêtrement des trois voix masculines réchauffe l’oreille et l’âme : des timbres nacrés qui parcourent à peu près tous les registres, se soutenant les uns les autres en harmonies légères, maîtrisées à la perfection. L’a cappella Ma Mama, que ne renierait pas Bobby McFerrin (une influence assumée), est d’ailleurs en ce moment en rotation sur nos ondes.
Si l’esprit est au dénuement, quelques légers rythmes soukous et la basse de Bona viennent cependant donner à l’album un côté chaloupé (sur Naleki, ou encore M’aa Kiana), tandis qu’ailleurs, une mélancolie sucrée s’installe sur des arpèges de guitare folk (Ngum Nya Ko). Le morceau de bravoure du disque pourrait être le délicat Thitae, parsemé de pizzicati de guitares et de fines touches de piano, où les voix nuageuses du trio atteignent une grâce céleste.
À l’heure où la douceur organique est trop souvent mise de côté en faveur de la complexité technique, ce deuxième effort du trio fait fi des courants, s’inscrivant de ce fait dans un sensible universel, où l’émotion prévaut : celle des langues partagées, des origines rêvées — tout un continent fait de bois et d’âme.
Bondeko est sorti le 3 novembre 2017 chez No Format !
À réécouter : Toto Bona Lokua étaient invités dans le Néo Géo de Bintou Simporé le 22 octobre dernier.
On vous offre des exemplaires vinyles et CD, participez au gratos avec le mot de passe qu’on donne par là :