Le bot qui passe ses journées à commander des objets sur le dark-net a été libéré.
Nous vous en avions parlé il y a quelques mois : un collectif suisse a conçu une oeuvre flirtant avec l’illégalité, un bot capable d’évoluer et de faire son shopping en solitaire et à l’aveugle dans le dark net. L’idée derrière ce Random Darknet Shopper a beau être simple, elle n’en est pas moins très forte : en donnant à leur bot quelques 100$ par semaine et la liberté d’avancer librement dans ces sphères illégales du web, le collectif suisse ! Mediengruppe Bitnik parvient à réifier et incarner en des objets l’inconnu que symbolise normalement le côté obscur de la force 2.0.
Leur robot commande donc aléatoirement des objets et chaque semaine les deux artistes reçoivent ses achats. Dans ces pochettes surprises d’un nouveau genre, il y a évidemment de la drogue (le darknet sert notamment à cela), mais également des objets plus inattendus : des contrefaçons de grandes marques, des jeux de clés PTT anglaises, des paquets de cigarettes à prix cassés, des livres numériques, des cartes bleues visa, des paires de baskets … Ces rescapés de l’obscur qui sont ensuite exposés à la galerie Saint-Gall en Suisse.
Evidemment ce projet excite chez nous le sentiment de transgression et notre curiosité de découvrir ce qui se cache habituellement à notre vue. Mais il permet aussi de comprendre que le darknet ne sert pas uniquement de plateforme aux grands cyber-criminels, mais qu’il est devenu un outil d’illégalité basique, de petits larcins – et que chaque objet dont nous nous servons au quotidien existe dans une version interlope.
Et si nous vous en parlons aujourd’hui, c’est parce que le robot, qui avait été arrêté par la police en janvier dernier, a finalement été libéré. Plus concrètement, il avait été confisqué par les autorités même si les artistes ne risquaient concrètement aucune peine de prison dans la mesure où tout ce qui était reçu était destiné aux expositions. Trois mois après, le bot est enfin sorti de garde à vue. Et les artistes de nous apprendre la nouvelle :
« Random Darknet Shopper has finally been released and is now back in our possession. All items were kept sealed and untouched except the ecstasy, which was taken out of its vacuum-sealed packing. It was tested positive for MDMA by the authorities, and then destroyed. So, three months after the confiscation in January, all items except the ecstasy were given back to us by the public prosecutor. »
« Random Darknet Shopper a finalement été relâché et est à nouveau en notre possession. Tous les objets ont été gardés sous scellé et n’ont pas été touchés, à l’exception de l’ecstasy qui a été retirée de son contenant. Elle a été testée positive à la MDMA par les autorités, et a été détruite. En résumé, trois mois après la confiscation en janvier, tous les objets sauf l’ecstasy nous ont été restitués par le procureur général« .
Que faut-il en conclure ? Qu’il s’agit d’une excellente nouvelle pour la liberté artistique et numérique, mais que nombre de gens vont désormais se servir de ce prétexte pour justifier de leurs achats interlopes.