Avec une seule candidate (et des auditeurs)
Depuis le lundi de la langue française (le 16 mars) tous les vendredis, nous vous demandons de nous donner des mots et je réalise avec, un poème athlétique, c’est à dire très rapidement.
Pour ceux qui ont donné des mots, sans entendre le résultat, voilà la plupart des poèmes lancés à l’antenne et en alexandrins (en gras, les mots imposés) :
Vendredi 15 mai
Harro au kouign-amann, cet être boursouflé
qui suinte chamanique le beurre bretonnique
qui exhale rubicond des vapeurs oniriques
et mute les sylphides en phacochères enflés
Que les boudins exhultent, dansez les castagnettes !
De cette boulangerie, à coup de bayonnettes
on fera sortir Kouign et son ami Amann
on les exposera à la foule pyromane !
Et ils brûleront, lipides, sur la place publique
Des corps par milliers les bras en circonflexe
hurleront oui ! hourra ! sortons les scoubidous !
Brûle ! Brûle ! Brûle ! Coule, espèce de gras voyou !
De cet autodafé à la saveur sucrée
les esprits échauffés, les corps revigorés
sortiront libérés. Et comme dit l’apophtegme
un bon et grand bûcher résoud tous les dilemnes
Vendredi 3 avril
Parfois, le nez en l’air, j’observe les nuages
qui déchire le ciel, depuis le fond des âges
ils sont poulpes, ou blanquettes, maigre ou ventripotent
et s’en vont, oublieux, en deux temps trois mouv’ment
j’aimerais, salsifis, en saisir un vivant
caresser ses vapeur d’un air concupiscent
trouver où sont ses fesses, séduire son visage
de son coeur en brouillard, partir à l’abordage
Je lui dirais, bilingue, viens ici, lovely !
donne moi tes fumerolles, c’est moi ton colibri
je s’rai dithyrambique je ferai tout c’qu’il veut
et si c’branquinole part, je l’essorrai, l’affreux
Vendredi 27 mars
j’ai rencontré un soir, un beau caméléon
il avait les yeux noir, et quatre tentacules
lisait Charles Bukowski sur une peau de bison
et brillait nitescent, sans peur du ridicule
Quand je l’ai aperçu, mon coeur a perdu tete
figée, catatonique, je suis restée muette
et hypocondriaque, j’ai cru qu’il s’arretait
qu’à cette vision divine, résister ne pouvait
Angoissé, j’ai guetté l’antépénultieme boum
la fin des pélicans, la mort en coup de foudre
mais non c’était l’amour caché sous l’abribus
et mon corps tremblant, sonnait son angélus
—
La nuit, on y voit goutte, royaume des chauve-souris
créatures obscures, athlètes des ultrasons
elle dorment à l’envers, défiant la raison
et de l’ombre triomphante, sont la pédanterie
leurs ailes spéculaires s’étendent sur la ville
elles dévorent les phasmes, engloutissent versatiles
les insectes, les rêves, et les cheveux volants
puis retournent se coucher, le bedon en avant
—
La vie est un bobard, une calembredaine
et même sous les plénum des hautes cathédrales
on vous mens, caribou, tradition ancestrale,
sur ce qu’est l’existence, cette fiction souveraine
La vie est une merguez, une saucisse piquante
un panaris funeste, qui lance et qui vous hante
Mais c’est pas une raison d’tirer la margoulette
Haut les phallus ! souris ! ça va aller biquette
—
Un soir de juillet, la tete de robespierre
rebondit sur l’alsphalte, coula un tantinet
et dans le ciel azur retentit le tonnerre
et les thermidoriens rassasiés soupirèrent
Sur la place publique, paltoquets, dindonneaux
se criaient héhéhé, gorgeaient leur outre à bière
célèbrait dans la joie la fin de la terreur
et saperlipopette, mangeaient des bigorneaux
—
Au milieu des bibelots, assis sur un coussin
vivait un bonhomme triste, qui sentait la poussière
Il portait un cadenas sur son coeur de pierre
recomptait dans sa poche, ses derniers fifrelins
et puis un jour d’hiver, il est mort en dormant
d’une blennorragie, nul ne sait comment
Qu’il attrape la chaude pisse, c’était inconcevable !
Qu’il connût une femme, c’était irrecevable !
Nous ne produirons pas de prosopopée vaine
Il est mort ainsi, seul, sans pirouette et sans haine
chez lui on a trouvé, chagrin, un petit écureuil
qui seul, de cet homme, portait, triste, le deuil