Ou quand la fiction tente de rejoindre la réalité.
En ce moment, la ville de Baltimore est secouée par des affrontements entre la police, qui va être rejointe par la garde nationale, et des manifestants rassemblés pour protester contre les violences policières.
Car à l’origine de ces émeutes, la mort de Freddie Gray, un jeune noir américain à qui la police a brisé la colonne vertébrale lors d’une arrestation extrêmement musclée pour port d’arme. Et dans un climat déjà particulièrement tendu (la police américaine multiplie les meurtres racistes à travers la pays), la manifestation hommage a fini par devenir incontrôlable, provoquant à travers Baltimore des altercations entre les forces de l’ordre et des bandes de jeunes que certains accusent de profiter de la confusion pour piller et mettre à sac la ville. Et Jamal Bryant, un des pasteurs les plus importants de la communauté a rappelé que ces émeutes « ne représentent pas la famille Gray, ni les sept derniers jours de manifestations pacifiques, et c’est pour ça qu’on demande à tous ceux qui y participent de rentrer chez eux ».
Mais quand on pense à Baltimore, une oeuvre de fiction fait référence tant elle est connue pour avoir dressé un tableau très juste, précis et clairvoyant des rapports entre la police et les communautés de la ville : The Wire. Naturellement donc, les regards se sont tournés vers les acteurs et réalisateur de cette série pour savoir ce qu’ils pensaient de cette situation. Tous appelent au calme, comprenant les réactions à l’origine légitimes de la jeunesse mais exhortant aussi les médias à ne pas confondre les quelques voyous avec ceux qui représentent la mémoire de Freddie Gray.
« A ma bien-aimée Baltimore, je comprends votre douleur. Levez-vous, restez debout mais sans tout détruite. De la discipline et non de la destruction. #LaVictoirePasdeVictime. » dit ainsi Bubbles.
Bunk Moreland quant à lui nous demande de ne pas confondre les criminels avec les manifestants – et, lui qui connait bien les rouages de la politique, en appelle à la ministre de la justice Loretta Lynch, plutôt qu’à la violence dans les rues.
Enfin David Simon lui-même (créateur de la série, réputé fin sociologue) est encore plus tranchant : selon lui, ces manifestants déshonorent la mémoire de Freddie Gray, regrettant que l’unité qui a rassemblé les habitants de Baltimore soit désormais discréditée.
Notons que certains (parmi eux, Chuck D) s’élèvent contre cette prise de position, arguant du fait que la série The Wire a toujours défendu une vision unilatérale de la ville, masquant les réelles difficultés des citoyens et monopolisant la représentation de BMore dans les médias.