A la découverte des genres, des artistes et des oeuvres qui ont su renouveler les codes.
L’histoire de l’art est faite par ceux qui ont osé renouveler les codes, repenser le classicisme, créer des ponts et des fusions entre des genres que l’on pensait pourtant incompatibles. En association avec Ray-Ban et la #Campaign4Change, nous avons décidé de partir à la découverte de ces initiatives créatives et originales, tant dans le domaine de la musique, que dans la danse ou au cinéma.
LES FUSIONS MUSICALES
Que serait la musique si personne n’avait jamais osé bousculer les règles pour échapper à l’académisme et au classicisme ? Qu’écouterions-nous aujourd’hui si aucun musicien ne s’était dit qu’il fallait s’aventurer et expérimenter de nouvelles choses, en puisant des sonorités, des influences et des techniques aux quatre coins du monde ? L’histoire même de la musique a été inventée par ceux qui ont fait fusionner des genres que tout le monde pensait jusque là incompatibles, par ces curieux, par ces originaux qui ont eu l’idée de confronter les styles, tout au long du 20ème siècle.
Dans les années 80, par exemple, c’est la world music qui inspirera toutes sortes de rencontres multiculturelles, où la tradition des musiques du monde se confrontera à des instruments, à des mélodies ou à des harmonies contemporaines et occidentales. En 1981 David Byrne – qui s’est fait connaître avec les Talking Heads – réalise avec Brian Eno du groupe Roxy Music – un album qui se met à utiliser des musiques ethniques.
My Life In The Bush of Ghosts, c’est le nom de cet opus, est le premier à laisser la place à des chants venus des montagnes libanaises, à des cérémonies d’exorcisme, à de la pop égyptienne – bref à renouveler l’horizon de la musique occidentale. Et après eux, des centaines de musiciens ouvriront la porte de leurs studios pour partager leurs connaissances et leurs cultures musicales avec des musiciens venus d’ailleurs.
Plus récemment, un nouveau genre musical a émergé. Ou plus précisément, une nouvelle fusion musicale a eu lieu entre le swing des années 30 et la musique électronique. On est à la fin des années 1990 – et un certain Mister Scruff compose “ « Get A Move On ».
Il sera suivi d’un certain Saint Germain, de Parov Stelar ou de Caravan Palace qui remettent au goût du jour des structures musicales et rythmiques qui ont fait danser nos aïeux et qui réintroduisent le swing dans les clubs, grâce à des beats électroniques.
Alors dansez maintenant, et sachez que la musique n’a pas fini de nous surprendre !
LES ROMANS-GRAPHIQUES
Depuis toujours, on sait que la bande-dessinée, ça se lit de 7 à 77 ans. Mais pour s’adapter à un public adulte, les auteurs et illustrateurs ont perpétuellement du innover et trouver de nouvelles idées, de nouvelles formes et de nouveaux formats. Aujourd’hui, ce sont les romans graphiques qui ont pris place dans les étagères des grands lecteurs.
L’idée derrière ces BD d’un nouveau genre est de faire se rencontrer la littérature, la sociologie, l’histoire, l’anthropologie et le dessin. En profitant d’un format court, des cases et des bulles, l’auteur a la liberté de raconter des récits complets et complexes, de détailler des enquêtes fouillées ou de plonger dans des analyses historiques.
Parmi ces romans graphiques d’un nouveau genre, “Les Ignorants” a beaucoup fait parler de lui. Cette oeuvre est le récit d’une initiation croisée, celle d’un oenologue qui découvre la bande-dessinée, et d’un illustrateur qui plonge dans les vignes en échange. En confrontant les mondes et les savoirs de l’oenologie et du 9ème art, l’auteur Etienne Davodeau surprend tous ses lecteurs.
Le livre s’adresse autant aux bédéphiles qu’aux amateurs de bon vin, et ouvre la voie à toute sorte de romans graphiques libres d’aborder des thèmes nouveaux, plus profonds, plus inattendus.
Toujours tâtonnante, la bande-dessinée se renouvelle donc grâce à son ouverture, sa curiosité, son goût des mélanges. Le 9ème art est décidément au début de son histoire.
LE JOOKIN : HIP-HOP & CLASSIQUE
Imaginez un grand bonhomme, un danseur de hip hop, juché sur ses demi-pointes. Imaginez-le faire des arabesques, des demi-pliés, des dégagés, le tout sur les trottoirs d’une grande ville américaine, baskets aux pieds et casquette sur la tête.
Celui que vous êtes en train de vous figurer existe, il s’appelle Lil Buck, et sa danse, qui n’est ni vraiment du classique ni tout à fait du hip hop, s’appelle le jookin. Du haut de ses 26 ans, il est l’un des plus grands danseurs actuels et tire sa force, sa grâce et sa puissance des deux écoles qui l’ont formé. Car s’il a d’abord appris le break, le poppin, le locking et le G-style dans les rues de Memphis, à 17 ans Lil Buck a voulu se mettre à la danse classique. Et s’il a percé, c’est justement grâce à cette curiosité et à ce goût pour la confrontation entre les styles et les époques.
Le monde l’a découvert grâce à un fascinant duo avec le violoncelliste Yo-Yo Ma et mis en scène par le réalisateur touche-à-tout Spike Jonze. Sur une partition de musique classique, Lil Buck improvise, adapte et se réapproprie des mouvements devant un public médusé.
Depuis, c’est devenu sa marque de fabrique : il fait descendre la danse classique dans la rue et chamboule tout ce que l’on sait sur le hip-hop et sur l’art du ballet. En confrontant deux mondes que l’on pensait impénétrables et figés, le danseur a suscité la curiosité des plus grands chorégraphes et artistes – de Benjamin Millepied, qui l’a fait danser à l’opéra de Paris au street artist JR, qui le fait jouer dans son prochain film expérimental, en passant par le Cirque du Soleil.
Lil Buck est devenu grand en créant sa propre fusion, sa propre danse.
IN C MALI – UN CLASSIQUE REVISITE
Comment une oeuvre composée il y a 50 ans aux Etats-Unis atterrit-elle aujourd’hui à Bamako ? “In C – Mali”, c’est l’histoire d’un voyage dans le temps et dans l’espace, c’est l’aventure d’un classique de la musique revisité à l’autre bout du monde.
Nous sommes en 1965 quand Terry Riley compose « In C », une oeuvre minimaliste, basée sur une structure répétitive et qui va vite devenir fondamentale pour la musique occidentale.
Pensée pour 35 instrumentistes, ce concept est parfaitement inédit, puisque chaque interprète est libre de repenser l’oeuvre qui se modifie et s’enrichit chaque fois qu’elle est jouée. Et en un demi-siècle d’existence, cette pièce a eu le temps d’influencer nombre de musiciens, des Who, aux Velvet Underground en passant par Tangerine Dream.
Il fallait donc fêter son demi-siècle dignement – et c’est ce qu’Africa Express a fait.
Africa Express, c’est une organisation montée par Damon Albarn (le leader british de Blur, Gorillaz ou The Good, the Bad and the Queen) qui entend créer un pont direct entre les cultures africaines et européennes et plus précisément en organisant des évènements itinérants, des tournées où se rencontrent sur scène des musiciens africains (Baaba Maal, Rachid Taha ou Tinariwen) et des musiciens anglais.
Et pour fêter l’anniversaire de « In C », Africa Express a décidé d’innover et d’enregistrer un disque pour créer “In C Mali” sur lequel ont collaboré Adama Koita, Alou Coulibali, Andi Toma ou Brian Eno.
Le résultat est une pièce hommage de 40 minutes qui réinterprète l’oeuvre originale et qui nous prouve que c’est en mélangeant les traditions, les connaissances, les cultures et les influences que l’on fait les plus belles oeuvres.
LE CINEMA HYBRIDE
Depuis quelques années, les cinéastes osent tourner leur caméra vers des styles, des esthétiques et des supports que l’on pensait pourtant impossibles à transposer à l’écran. Et alors que l’on peut tout filmer, certains préfèrent plutôt s’amuser à brouiller les pistes en se servant de matériaux habituellement réservés à d’autres genres.
Prenons Sin City le film de Robert Rodriguez sorti en 2005. Non content d’adapter le scénario des comics de Franck Miller, il en reproduit littéralement l’esthétique. Mais Sin City n’est pas pour autant un dessin-animé, puisque ce sont de vrais acteurs qui sont ensuite transformés, en post-production, en personnages de bande-dessinée : en résulte un film hybride, novateur, qui s’inspire et puise des références dans différents univers pour mieux inventer un genre nouveau.
Un an plus tard, c’est le film A Scanner Darkly qui prend le risque d’innover en transformant des prises de vues réelles en dessins d’animation. Cette technique s’appelle la rotoscopie et plonge le spectateur dans une image surprenante à mi-chemin entre le cinéma et l’animation. Et cette expérience visuelle permet d’aborder de nouveaux sujets, des thèmes originaux et inédits.
Alors, après la 3D, la rotoscopie, le cinéma interactif, que vont inventer les cinéastes du futur ? quelles techniques vont-ils faire fusionner ? Seul l’avenir nous le montrera.