Isometric Projection augure un EP brillant.
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Gerald Donald vient tout droit de Détroit, et c’est à peu près la seule chose que l’on sait du producteur techno tout aussi mystérieux que mythique. Toutefois, ce qui demeure sûr et certain, c’est qu’il poursuit encore aujourd’hui son parcours surréaliste sans vaciller, en temps que der Zyklus sous le label ZONE.
Donald décline les identités et accumule les projets colossaux depuis le début des années 90. Dans la veine des productions techno de Mad Mike, Robert Hood et de Jeff Mills lorsqu’ils formaient Underground Resistance, l’artiste a notamment fondé le groupe Drexciya avec James Stinson. Techo mécanique, expérimentale et aquatique, le duo projette les textes de Platon sur une société immergée dans l’océan Atlantique à l’instar de l’invention japonaise, l’Ocean Spiral. Le duo a développé son univers dans une cité sphérique sous-marine dans laquelle des descendantes d’esclaves se seraient enfouies après que leurs ancêtres aient sautées de navires en vogue. Sur la vague de Blade Runner, Ghost in the Shell, Metropolis, ou encore Voyage au Centre de la Terre…L’art de la prospective anxiogène se retrouve dans toute la mélopée contée au fil de l’album Aquatic Invasion sorti en 1994. Et Gerald Donald ne s’arrête pas en si bon chemin, puisqu’il crée Dopplereffekt un an plus tard, groupe qui fait éclore des titres phares comme Scientist ou encore Satellites. Paroles efficaces, phrases scindées en deux parties sur une base parfois plus House propre à la ville de Détroit. C’est essentiellement sur la scène techno underground que Dopplereffekt a véritablement influencé toute une génération. Pour vous le prouver, on s’est même amusés à retrouver Rocket Scientist dans les sets de Nina Kravitz (ici, le podcast de Sankeys en 2011 – allez à 52:28).
Dans une approche toujours scientifique de la fiction, Gerard Donald imprègne aujourd’hui encore ses titres de géométrie et de symétries sans communes mesures. En avant-première, Isometric Projection nous pousse déjà à l’introspection comme à des degrés l’abstraction vertigineux. Et en effet, une projection isométrique, c’est littéralement la représentation d’un objet en 3D de manière à ce que les trois arêtes principales forment des angles de 120°. Bref, de quoi nouer les neurones les mieux rangés.
Heinrich Müller, der Zyklus, Japanese Telecom, Arpanet… Sous tous ces noms et sous toutes ses coutures, le digne héritier de Kraftwerk nous marque toujours par son caractère ambivalent. Puisque son travail se suffit à lui-même, ce reclus de la sphère publique demeure incontournable.