209 maisons graffées pour un taux de criminalité zéro.
©Germen Crew
Qui a dit que les Street Artistes étaient des hors-la-loi? C’est dans le quartier de Las Palmitas dans la ville de Pachuca au centre-est du Mexique que les graffeurs du Germen Crew ont décidé d’officier avec l’aval du gouvernement local.
Ce n’est pas là une première, puisque l’initiative d’utiliser l’art à des fins pacifiques et sociétales est ancrée dans la culture politique de l’Amérique Latine. On vous conseille d’ailleurs vivement d’aller voir ce reportage (Bogotá Change, réalisé par Andreas Dalsgaard) qui retrace la promesse d’une révolution éducative rocambolesque qu’a su tenir et maintenir l’homme qui a montré son postérieur au monde entier en 1993 : Antanas Mockus. Au beau milieu d’une crise financière, il est élu maire de Bogota en Colombie deux ans plus tard avec un budget de campagne plafonnant tout juste à 3 000€. L’ancien directeur de l’université nationale de Colombie a – entre autres – embauché des mimes pour se moquer des usagers qui ne respectaient pas le code de la route. Dans le même temps, 2 800 policiers corrompus ont été évincés tandis que 400 autres se sont reconvertis en augustes agents. Résultat des courses : le nombre de morts par an dans les transports a depuis réduit de moitié.
Dans la ville de Pachuca, pas moins d’un demi-millier de familles ont participé au mouvement artistique selon le site Street Art News. Toujours selon la source, le taux de criminalité juvénile a ainsi pu chuter jusqu’à s’effondrer complètement pendant la période de création picturale. Rappelons que le Mexique se loge actuellement encore à la troisième place du classement mondial des pays où se produisent le plus d’homicides volontaires selon l’Office de nations unies contre la drogue et le crime (l’UNDOC). Bien que « l’épisode El Chapo » ait bien amusé la twittosphère ces derniers temps, la violence demeure un des points névralgiques du pays qu’il n’est pas impertinent de prendre au sérieux. C’est toutefois, bien entendu, dans une ambiance détendue et dans un esprit fédérateur que les graffitis ont été peints. De plus, le projet a permis de générer quelques emplois sur place. Il n’en fallait pas plus pour réjouir une population entière qui arbore aujourd’hui 209 façades arc-en-ciels étendues sur plus de 20 000m².
Voici des clichés de l’évolution de l’oeuvre.
En souhaitant une prospère pérennité à cette fulgurante transformation des murs et des moeurs !