Du stethoscope au casque audio : mieux lire nos tympans ?
Pour les vrais curieux du SON et autres exigeants, ce gros historique de 500 pages couvre le 19eme et le 20eme siècle en matière d’approche et d’inventions, afin de capturer et de restituer les SONS. Une aventure incroyable .
D’abord il y eut le STETHOSCOPE du docteur français LAENNEC ! Et là, la médecine rendait l’écoute et le son UTILES, nécessaire au diagnostic ! (et plus seulement écouter le vent ou une musique). Première révolution.
Au cours des siècles des philosophes avaient déjà émis des tas d’idées sur le son : vibration, mouvement et même fréquence au 18eme. Mais ce n’est que lorsque les hommes ont voulu FABRIQUER des machines à capter ou imiter que c’est devenu à la fois Technico-moderne et fou.
Par exemple, LE PHONAUTOGRAPHE à OREILLE, (vers 1870) utilisait une VRAIE oreille humaine ! Pour donner une idée du climat… De son côté Alexander Graham BELL, en voulant aider les sourds, va aboutir au téléphone !
L’histoire des ENGINS du SON est forte car elle touche au corps, à la technique et aussi à la philosophie première : que veut on faire ? Déplacer, reproduire, retraduire,
Imiter les sons ? Et pour quelle cause ? Médicale, puis de PROGRES au sens large, car on va aboutir à une ACCELERATION du monde.
Le Chapitre des machines est stupéfiant, car des membranes, on est passé à ECRIRE le son! (avec un stylet intégré), pour GRAVER les ondes…Voici pour le capteur tourné vers l’oreille humaine, mais l’émetteur lui, va devoir s’intéresser à la BOUCHE, comme producteur de bruits modulés.
C’est une histoire sans fin qui tourne comme les pavillons de nos oreilles ou des coquillages en spirales ! Le son nous fait retourner à nos sens, et aux éléments producteurs, avec membranes, pavillons, chambres d’échos…
Parallèlement et d’Hippocrate jusqu’à Laennec, vont s’écrire des méthodes, afin de domestiquer ces sons, les nuancer et surtout les NOMMER, les décrire ! Le LEXIQUE ACOUSTIQUE n’existe toujours pas . On sait décrire ce que nos YEUX voient, mais ce que nous entendons ?
Dés le début, ce livre précise l’avantage du VISUEL sur l’AUDITIF, et le côté MODERNE et direct des images, par rapport au parent pauvre – car plus mystérieux et caché – du son ; (On dit que le dessin s’adresse à l’ESPRIT et le son à l’AFFECTIF). Encore un piège de plus…
Avec l’arrivée de l’ELECTRICITE, de ce conducteur fulgurant, deuxième révolution.
Le courant électrique, en transportant à la vitesse de la lumière les images et les sons, va conduire au TELEPHONE.
Déjà la CAPTURE et la REPRODUCTION des sons tenaient de la magie, mais se parler à distance est comme un miracle.
Car ces machines et techniques doivent être RENTABLES et les chapitres sur le COMMERCE des sons : revente, support, distribution, publicité sont à la fois ridicules et un peu sinistres, car on est entré dans le TRAFIC : matches retransmis, concerts, opéra, gravés dans le cire puis les acétates, et réclame parlée…
Un peu le début d’un cauchemar, d’une cacophonie mondiale.
Car si aujourd‘hui tout cela paraît quotidien, banal, évident, normal … Ce livre nous remet en conscience les étapes laborieuses et les efforts conjugués de tant de passionnés, mais aussi les délires, les voies de garages, et surtout le SENS de cette SAGA MODERNE car elle déferle maintenant sur nos vies.
Alors qu’écoute-t-on ? Pourquoi ? Avec quelle qualité ? Quelles conséquences sur nos destinées ? Pour voir autrement nos oreilles, alors lisons l’histoire.
*P.S. : cet ouvrage aborde également les questions anthropologiques, économiques philosophiques…de ce sujet abyssal.
Histoire de la modernité sonore . Jonathan Sterne . Ed LA DECOUVERTE . Coll La rue musicale . 500 Pages . 26 Euros + Gravures, photos et documents. Sortie le 10 septembre 2015
Jonathan Sterne animera par ailleurs un débat le mercredi 18 Novembre à la Philarmonie, informations par ici.