Producteur brillant, homme attachant, artiste inventif, caractère sensible, Erwan Castex exprime toute sa créativité par le biais de son projet Rone, à travers lequel il enchaîne les sorties de disques et les tournées pour les défendre, avec une régularité et une endurance qui force le respect. Cinq albums et quelques EPs en un peu plus de dix ans d’activité, soit un tous les deux ans – pour un producteur de musique électronique, c’est énorme -, et quelques morceaux devenus rapidement cultes pour ceux qui suivent avec attention la carrière de ce francilien (il vit et travaille actuellement à Montreuil) passé par la case Berlin en début de carrière. « Spanish Breakfast », « Bye Bye Macadam », « Parade », et « Bora Vocal », bien sûr, ce morceau qui samplait cet enregistrement, quasiment dérobé, d’Alain Damasio qui dissertait alors sur l’énergie qu’il devait mettre au service de l’écriture de ce qui allait devenir son chef-d’œuvre de SF, « La Horde du Contre-vent ». « Borace Vocal », ce titre que les deux artistes étaient venus revisiter, un matin, dans les locaux de Radio Nova, avec une colère heureuse dont on se souviendra longtemps.
Pour ce nouveau projet, Rone est allé autre part encore, là où la plupart des artistes étiquetés « musiques électroniques » osent rarement s’aventurer. À la manière d’un Jeff Mills – un autre producteur techno qui connaît bien le lien entre les arts dansés et les arts syncopés -, Rone s’est ainsi lancé dans l’orchestration sonore de Room With A View, une pièce pensée par le collectif (LA)HORDE et qui met en scène les vibrations corporelles du Ballet National de Marseille. Sur scène ? Des silhouettes qui entourent d’abord un DJ qui fait vrombir les basses, avant que le monde ne se disloque, ne s’effondre et finisse pas renaître (ou est-ce l’inverse ?).
Room with a view, c’est une réflexion sur un monde dont quelques fondations paraissent couler à pic, apocalypse mesurée et cadencée par les productions, rêveuses, aériennes, et voltigeurs de Rone – citons le single « Human », merveille parfaite du disque -, lui qui aura peut-être vu dans Room with a view (ou du moins, dans son titre), une référence à l’album Creatures (son troisième), qu’il avait composé seul dans une chambre d’hôtel brestoise, avec pour seul horizon, une vue sur la mer.
Room with a view : le spectacle, qui devient aujourd’hui un disque sorti sur l’impeccable label InFiné (la maison qui accueille l’intégralité de sa discographie), a débuté au Théâtre du Châtelet et a été un très beau succès (pour avoir une chance d’y aller, il fallait se lever, non seulement de bonne heure mais également du bon pied). Les représentations n’ont été interrompues qu’à cause d’un confinement forcé qui s’apparente, pour les acteurs de la culture mis au chômage technique et pour quelques autres, à une certaine forme de fin du monde. On ne vous fera pas de dessin puisque vous avez compris le lien, invisible et curieux, qui relie les deux idées.
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#OnResteOuvert