« Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution ». La phrase est connue – et elle est signée d’une femme pourtant pas réputée pour son sens exacerbé de la fête : l’activiste anar Emma Goldman (dont les mémoires ont été rééditées l’an dernier aux éditions L’Échappée). Une phrase que La Bordelle pourrait sans problème afficher sur d’immenses banderoles au coeur de ses exubérantes soirées ; mais, en y réfléchissant, est-il vraiment nécessaire de souligner cette évidence, même au feutre pailleté ? Non, bien sûr.
Mariant revendications politiques et bringue débridée (« party for your right to fight », n’est-ce pas Public Enemy ?), ces deuxièmes dionysies LGBT+ à la Salle des Fêtes du Grand Parc vont défriser plus d’un vieux barbon grisâtre. Au milieu des drags (de la Maison Éclose, notamment) et des clubber.se.s multicolores, des créatures et des hédonistes de tous poils, vous aurez toute licence pour choisir votre camp.
Afin de vous aiguill(onn)er, vous pourrez compter sur Corine, cette « fille de ta région » qui a remis une dose de cool et de « pourquoi pas, finalement … » sur pas mal de choses déconsidérées par le kitsch : les crinières blondes à la Bonnie Tyler, les pantalons pattes-d’eph et le boogie disco de la génération Chébran.
Il y aura aussi, dans des territoires moins référencés, le rap qui ne s’en laisse pas conter de la Suédoise Gnucci, qui mêle son flow farouche à des sonorités taillés pour le dancefloor. On peut également évoquer l’électro-rock très queer (moustache façon Patrick Cowley, clips avec François Sagat) du performer Igor Dewe, auteur il y a peu de son premier album, Gogo Boy. Ainsi que le joyeux melting-pot du collectif Nyoko Bokbae qui aime à faire fi des recettes trop pointilleuses en versant sans modération du R’n’B, des broken beats anglais et de la pop nigériane dans leur mixture sonore servie, à l’inverse des martinis du 007, shaken and stirred.
Autant que ça fait du monde … Et que la drag-queer Lolla Wesh, nommée maîtresse de cérémonie, ne va pas manquer de taf pour faire toutes les présentations lors de cette soirée Bordelle qui s’annonce pas triste pour un sou. Une soirée ouverte, comme le disait avec malice David Bowie, aux « ladies and gentlemen … and others ».