Pour sa 5e édition, le festival Musical Écran ne déroge pas à ses bons principes : offrir, via une vingtaine de docus musicaux, un panorama éclectique à souhait dans lequel, quelle que soit votre chapelle musicale, vous allez vous sentir comme des poissons dans une eau sans déchets plastiques ni marée noire. De l’éthio-jazz au hardcore straight edge suédois, de la scène underground de Tokyo à Daniel Darc en passant par le pianiste fou Chilly Gonzales, le label Blue Note, la rebelle M.I.A ou l’activisme électrisant des riot grrrls 90s, il y en aura pour tous les goûts.
C’est l’évidence : le Cinéma Utopia risque fort d’être l’un de vos points de passage incontournables durant toute cette semaine de projections, du 7 au 14 avril prochain. Aussi, pour ceux et celles qui voudraient prévoir leurs visites sous les voûtes du Saint-Siméon, le programme complet des films est à compulser (on vous le met en majuscules pour que vous ne le ratiez pas) ICI, JUSTE LÀ.
On va tout de même mettre l’accent sur les trois films auxquels nous vous avons décroché des invits. On va faire ça dans l’ordre – vieux réflexe de joueur de tiercé que j’ai peut-être été dans une vie antérieure, allez savoir.
From Toilets to Stages (samedi 13, 16h) commencera par vous transformer en petite souris. Une métamorphose qui vous permettra, non pas de faire la tournée des dents de lait, mais de vous faufiler dans les coulisses de l’un des plus grands raouts belges, à savoir le festival de Dour. Une exploration qui, comme l’indique son titre, ne fera aucune impasse : tout l’envers du décor festivalier sera mis à l’écran, des toilettes à la main stage.
Les spectateur.trice.s seront ensuite invité.e.s à rallier le Brésil pour partir sur les traces d’un des pionniers intranquilles de la bossa nova – et l’une de ses figures les plus énigmatiques. Where are you, João Gilberto ? (samedi 13, 18h15), c’est la question que se pose le réalisateur franco-suisse Georges Cachot, qui se mue en enquêteur à la poursuite de l’interprète le plus fameux de « The Girl from Ipanema », reclus dans une chambre d’hôtel et retiré de la vie publique depuis quinze ans.
Enfin, présenté en première française, le film Desolation Center (dimanche 14, 18h) vous plongera dans les grandes fêtes punk du désert Mojave. Des concerts en dehors des sentiers battus, perdus dans le no man’s land californien, où Sonic Youth, Blixa Bargeld ou les Minutemen rivalisaient de décibels pour coller des acouphènes à l’establishment reaganien.
Mais le festival Musical Écran #5, ce n’est pas qu’une belle pile de longs-métrages : c’est aussi des soirées, des DJ-sets et des soirées hommages, que ce soit bien au chaud (au Café Mancuso ou au CAPC) qu’en plein air, du côté de la Cour Mably.
Après des rassemblements sous l’égide d’Alan Vega, du reggae de chez Trojan ou des compils Éthiopiques, le week-end sera ainsi propice aux tortillements et déhanchements de bon aloi. C’est d’abord la diggeuse afro acid Maryisonacid qui, samedi, exportera l’ambiance des soirées berlinoises African Acid is The Future, avant que, le lendemain, Ariel Wizman ne profite de son statut de président du jury pour s’emparer des platines en mode Grand Popo Disco Club aux côtés du selector attitré du Groland DJ Ricoo.
Mais vu que ces soirées vous permettent déjà de raser gratis, c’est bien dans les salles obscures que Nova Bordeaux joue les ouvreurs pour vous placer sur un fauteuil de choix. Direction – on vous le disait – les projos de From Toilets to Stages, de Where are you, João Gilberto ? ou de Desolation Center. Pour ça, il faut le bon mot de passe, ce qui est somme toute assez simple. Mais si vous avez besoin d’une antisèche (on n’est pas au bac ici, c’est permis), c’est là que ça se passe.