Pas la peine de se prémunir d’un avertissement envers la part transgressive d’Assassination Nation, le film s’en charge de lui-même dès ses premières séquences en annonçant le menu : de la violence, du langage et des idées offensives, de la provocation, donc en gros un solide doigt d’honneur dressé envers la bien-pensance.
Assassination Nation allume ainsi d’emblée la mèche de sa satire virulente de la société contemporaine hyperconnectée. Car oui, le film de Sam Levinson a envie d’y foutre le feu au travers d’un groupe d’adolescentes que leur quartier veut lyncher pour avoir balancé sur les réseaux sociaux les secrets des uns et des autres.
Sous ses airs de farce trash, Assassination Nation déboîte le discours cynique d’un cinéma hollywoodien pour teenagers ayant joué la carte du clin d’œil et du méta depuis Scream jusqu’aux récents American Nightmare. Sous ses airs de déconne décomplexée, voilà un film bien plus complexe, à la fois des plus anars mais très cohérent dans ce qu’il raconte du monde moderne. Un peu comme si la télé-réalité façon Les Kardashian ou Les anges étaient dynamitée de l’intérieur, glissait dans leur vulgarité des messages activistes subliminaux, rappelait à quel point la liberté d’expression s’est accompagnée d’une violente remontée en puissance du conservatisme en guise d’inquiétant contre-pouvoir.
Tabassant l’ère des fake news, de la réputation numérique, des sextos ou de #MeToo, Assassination Nation rend coup pour coup à cette hystérie collective, en décidant de faire prendre littéralement les armes à son gang de filles. Forcément ça vire au jeu de massacre. Jusqu’à faire ravaler le ton fun et acerbe de départ en indiquant que tout ceci tend vers une explosion qui ne sera pas sans dégâts, ni dérives. Ce portrait de la génération followers a de quoi déranger quand il vire à un manifeste des plus politiques prophétisant jusque dans son détournement des codes de la pop-culture la probabilité du chaos à venir. A sa manière Assassination Nation est un héritier de la subversion de Fight Club quand il veut hacker les rétines pour y glisser le virus d’une insurrection contre la civilisation des GAFA, répondant par une impressionnante gueulante à leur asservissement silencieux. On peut appeler ça une bombe de film.
A.M
En salles le 5 décembre.
Alex Masson, notre spécialiste cinéma, nous en a parlé ce mercredi 5 décembre. À (ré)écouter juste en dessous :
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