Analyser la psyché japonaise, de l’ère Edo à Fukushima, il y a quelques charretées de spécialistes qui s’y sont collé.e.s : des psychologues, des ethnologues, des sociologues, des cinéastes aussi, et tant d’autres.
Mais ici, c’est plutôt sur le psyché japonais que nous allons nous pencher. Le sujet de nos observations curieuses et ravies : un drôle d’hydre à cinq têtes, aux idées aussi longues que les cheveux, nommé Kikagaku Moyo. Car, outre qu’il constitue un bel exercice de diction (prenez garde à ne pas savonner !), c’est sans doute l’un des groupes les plus intéressants venus de l’archipel nippon des années 10.
Nouvelle preuve à avancer pour s’en convaincre : Masana Temples, leur quatrième album sorti cet automne chez Guruguru Brain. Les Tokyoïtes (du quartier un brin hippie de Shimokitazawa, exactement) y sont allés frotter leur psychédélisme 70s au jazz du Lisboète Bruno Pernadas. Une confrontation d’où sont sortis ces motifs paisibles et perchés à la fois, louvoyant entre bedroom pop, folk sous buvards et rock expérimental. La came est bonne, mes ami.e.s.
Faisons donc le point sur la configuration attendue : côté jardin, un peu, beaucoup, de la folie acide et débridée de King Gizzard ou de leurs compatriotes d’Acid Mother Temple ; côté cour, quelques courants d’Air, quelques volutes de Connan Mockasin. Et bien sûr, à la jonction de tout ça, au centre de la scène, des attentions, la musique de nos amis géomètres, à savourer sous tous les angles. Une belle équation instrumentale, voyageuse, que propose et résout Kikagaku Moyo. Le miracle japonais, sans doute.
Et pour en avoir quelques éclats scintillants au creux des prunelles ou des cochlées, ça se passe sur un petit navire qui n’avait jamais navigué, ohé ohé, mais où on peut régulièrement se faire quelques concerts qui valent le détour ; l’IBoat bien entendu. Le ticket pour y monter à bord gratuitement est à décrocher ci-dessous.