Le Gros Sabordage … Voilà un titre évocateur. Est-il question ici du Parti Socialiste, des pirates d’Astérix, de l’AS Monaco, de la Méduse immortalisée par Géricault ? Non, ici, on vise plus large : c’est (même s’ils s’en défendent) l’humanité tout entière qui est concernée. Et plus particulièrement cette inclination délirante à l’autodestruction. Destruction de la planète, destruction de celui qui est près, de celui qui est loin, destruction tous azimuts, quitte à se saborder elle-même. Bref, c’est pas vraiment un tableau hyper reluisant sur lequel les archéologues aliens tomberont quand ils auront entamé les fouilles sur Terre, après leur débarquement d’ici cent cinquante millénaires et des brouettes.
Tableau pas très reluisant, donc, sauf si on parvient à s’amender, à juguler cette propension à tout foutre en l’air. Bon, la tâche paraît colossalement insurmontable, dis comme ça. Elle le sera peut-être un peu moins, fut-ce un trilliardième de fois moins, si l’on y met le bon dosage. Un oeil rivé sur le livre de recettes, l’autre sur les stries de la pipette graduée, mettez par ordre décroissant 40% d’acrobaties, 30% d’équilibre, 20% d’absurde et 10% de hula-hoop. C’est la recette du Gros Sabordage, le nouveau spectacle de la compagnie La Mondiale Générale.
Un spectacle qui est une farce ironique à souhait, un cirque où les clowns rient plus jaune qu’un poussin dans un broyeur. Cinq équilibristes y sont confrontés à des difficultés multiples, insurmontables, auxquelles il faut bien se coltiner, mais sans jamais cesser de croire à leur réussite, souvent malmenée et contrariée.
Entre beauté, équilibre et absurdité comique, Le Gros Sabordage veut initier le débat, donner à réfléchir, poser les questions, mettre le doigt sur ce qui débloque. Mais ne comptez pas sur lui pour sortir de sa boîte à malices des réponses pleines et parfaites, puisque de toute façon « dans ce monde aux mauvaises règles du jeu, aucune réponse n’est la bonne ». En revanche, que ça ne vous empêche pas de donner le bon mot de passe pour voir cette pièce le jeudi 15 novembre prochain ; ça se passe juste ici ↓