« Il était une fois un homme roux, qui n’avait pas d’yeux ni d’oreilles. Il n’avait pas non plus de cheveux, et c’est par convention qu’on le disait roux. » Ça, c’est le genre de choses qu’écrivait Daniil Youratchev, alias Harms, dans le Leningrad de la fin des années 20. Un penchant pour l’absurde qui n’est pas du tout du goût du régime soviétique, qui le catalogue « ennemi de classe » avant de l’expédier en taule puis en asile psychiatrique, où il meurt à 37 ans. Bonne ambiance.
Mais c’est en s’inspirant moins de ce destin tragique que du non-sens malicieux des textes de l’auteur russe que le touche-à-tout belge Alexander Vantournhout (acrobate, danseur, chorégraphe) a manigancé, en compagnie de ses trois compères d’interprétation, son nouveau spectacle Red Haired Men.
Le résultat ? Une performance se partageant entre danse, contorsion, magie, cirque, théâtre de marionnettes et ventriloquie. Ah, ça, quand on disait que le bonhomme était touche-à-tout, ce n’était pas qu’une image pour faire joli ! Et tout ça associé à de la microprose, c’est-à-dire des extraits de textes très courts comme celui mis en exergue de cet article, tous extraits de l’oeuvre provocatrice, lucide et ironique d’Harms.
D’une séquence à une autre, ponctuée de chutes littéraires (mais jamais corporelles) se dessine un univers où l’absurde est devenue une nouvelle logique, un univers en forme d’oeuvre d’art totale (ou gesamtkunstwerk pour les Allemand-LV1 qui aiment bien quand les mots sont longs, compliqués, avec plein de consonnes rugueuses).
Ce monde sans dessus-dessous, Nova Bordeaux vous y donne accès, mais avant ça, hop, une petite formalité : passer par le portique Nova Aime ci-dessous.
Red Haired Men, le mercredi 17 octobre à 20h30, sur l’Esplanade des Terres Neuves à Bègles