« Est-ce que vous expérimentez avec des drums électroniques ? », « Quels jouets vraiment cool possédez-vous ? », « Votre plat préféré est-il la pizza ? ». Le Tintin reporter de l’extrême qui pose ces questions aux Melvins en 1988 n’est ni Laurent Delahousse, ni Nardwuar The Human Serviette. Non, il s’agit d’un fan absolu du groupe, roadie à l’occasion, qui tentera même d’en devenir le bassiste (mais qui, trop stressé lors des auditions, en oubliait la moitié des chansons). Un fan qui avait pour nom Kurt Cobain.
Cependant, cette introduction est un brin réductrice. Même s’ils sont inextricablement liés à Nirvana (c’est le leader Buzz Osborne qui a appris la guitare à Cobain et filé le numéro de Krist Novoselic à Dave Grohl), les Melvins ne méritent pas – au même titre que Daniel Johnson, les Vaselines ou Bikini Kill – d’être réduits au rang de simple faire-valoir dans la mythologie Cobain. Considérons-les plutôt à leur juste valeur, à savoir comme un groupe culte, essentiel du paysage rock américain.
Si vous aimez le grunge, évidemment, vous avez écouté ou vous écouterez les Melvins. Si vous appréciez le doom, le stoner, le punk-rock, vos oreilles s’y poseront forcément un jour. Au carrefour de tous ces styles (et d’autres encore, que les plus entomologistes d’entre vous iront débusquer), les Melvins offrent un rock lourd et dense comme un fleuve de magma couleur plomb, où nageraient quelques traits d’un humour ne dédaignant pas un côté dadaïste zarb ainsi qu’une bonne dose d’écarts et de malices potaches à dix cents.
Et après plus de trois décennies et demi passées à faire trembler les murs et les amplis sans interruption, la tignasse du King Buzzo est toujours aussi hirsute et le groupe toujours en verve (à la possible exception des bassistes, qui semblent aussi maudits que les batteurs de Spinal Tap). N’allez pas leur causer de points retraite ou de carte Vermeil : avec neuf LP sortis ces dix dernières années, les Melvins tiennent un rythme qui a de quoi décoiffer nombre de jeunot.te.s du peloton à guitares actuel.
Autant dire que La Sirène rochelaise ne coupe pas les cheveux en quatre pour son retour aux affaires. Ça risque d’envoyer force on-ne-compte-même-plus et d’ailleurs, histoire que la soirée soit encore plus marquante, Nova Bordeaux/Agen vous offre des places. Ça se passe juste en-dessous (underground toujours, n’est-ce pas ?).
Melvins + Shitkid, le vendredi 5 octobre à La Sirène, à 20h00