Une famille autrichienne. Un cirque. Le monde. Voilà pour la toile de fond d’O grande circo mistico, le nouveau film de Carlos Diegues. Sauf qu’avec le retour, après douze ans sans avoir réalisé de fiction (il s’est entre temps consacré à de la production ou à un monumental livre sur l’histoire du cinéma brésilien), d’un des piliers du Cinema Novo, ce film-là ne peut pas se limiter à la piste où vont se produire les numéros de la famille Kieps. Cinéma Novo ? Kes’aco ? Rien moins que la secousse tellurique qui a secoué le 7eme art en Amérique du Sud à la fin des années 50, la digestion locale d’à la fois la nouvelle vague et le néo-réalisme italien par une poignée de réalisateurs francs-tireurs dont Carlos Diegues.
En 1970, avec Les héritiers, il évoquait au travers du parcours d’une famille à la tête d’une plantation de café, quarante ans d’histoire politique du pays, à partir des années 30. Aujourd’hui, O grande circo mistico élargit cette chronologie sur plus d’un siècle. Une folie ? Elle se dédouble en ayant pour base un poème de Jorge De Lima, parmi les plus grands poètes surréalistes brésilien. Ses textes en ont fait le chroniqueur d’un Brésil fusionnel, combinant traditions et appétit de la nouveauté. De Lima pointant du doigt le chaos de l’injustice sociale.
Dans ce texte le grand cirque mystique du titre, c’est le monde et sa furie. Diegues lui offre un nouveau tour de piste dans une sarabande folle, mêlant décadences d’une famille autrichienne et d’un XXe siècle mouvementé.
A son image O grande circo mistico, fait s’enchainer les années comme les genres (le mélo s’emboîte à la comédie musicale, le feuilleton à la tragédie). La lumière des numéros de trapèze ou d’équilibristes et l’ombre de secrets de famille embrassant des tabous virevoltent comme cette mise en scène qui invite à entrer dans la danse le Max Ophüls de Lola Montès comme le Jodorowsky de Santa Sangre.
Comme eux, Diegues essaie de continuer à faire tenir debout des personnages malgré le tumulte du monde, en les faisant très haut en couleurs, comme pour conjurer les tempêtes extérieures prêtes à faire vaciller tous les chapiteaux.
Le film est en salles depuis ce mercredi 22 août, on vous offre des places à venir chercher dans nos nouveaux locaux ! Jouez au tirage au sort avec le mot de passe donné sur la page Nova Aime.