Le meilleur de la nouvelle internationale en Inde !
Bombay, c’est d’abord une question : doit-on dire Mumbai ou Bombay ? Il apparaît que « Bombay » n’existe plus depuis 1995, rayée par les nationalistes qui voulaient se défaire pour de bon de la colonisation britannique. Sauf que la ville s’appelait Bombay avant même l’arrivée des colons, Mumbai est donc une invention qui, pendant longtemps, a révolté intellectuels indiens et opposants politiques. Résultat : on va continuer à utiliser les deux, juste pour le plaisir de ne pas choisir.
Effervescence et nuits folles
Mumbai. A peine arrivés sur place, une chaleur écrasante, le bruit de mille milliers de klaxons différents, de la poussière, la foule, l’odeur de la marée basse, le croassement des corbeaux et des contrastes saisissants entre les quartiers riches et les bidonvilles par milliers. Mais aussi une ambiance saisissante, une convivialité épatante, la rue aussi vive qu’un théâtre. Cette vie, Manon nous l’a racontée dans une jolie lettre.
Photogénique, bruyante et vivante, Bombay l’est même de nuit. A partir de 21h, les chiens s’emparent des rues, les riches indiens vont manger dans un bon resto de la ville, et certains se languissent de l’époque – avant que l’extrême droite ne prenne possession de la ville – où les dance bars étaient légion (ces bars qui pourraient d’aileurs bientôt ouvrir de nouveau). Johann Rousselot est photographe, il a fait de nombreux clichés (entre autres) de cette nuit bombaysienne. Voici sa lettre.
Bollywood et attentats
Bombay, c’est aussi LE lieu d’implantation de Bollywood, contraction entre Bombay et Hollywood, l’immense industrie cinématographique, très regardée non seulement en Inde, mais aussi dans toute l’Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et au Maghreb. Bollywood, ce sont des milliers d’acteurs, des films par centaines de milliers ; ce sont aussi des reprises très drôles. Nicolas s’est, lui, lancé un défi : être figurant dans un de ces films. Et il a réussi, comme il nous l’a raconté.
Dans tous les cas, nous vous conseillons vivement de vous offrir une séance de ciné en Inde : les spectateurs commentent toutes les scènes, téléphonent en même temps, on se croirait dans un stade !
Un autre Nicolas, le réalisateur Nicolas Saada, est venu lui dans les studios de Nova pour nous raconter le film qu’il a tourné à Bombay, qui retrace le parcours ô combien d’actualité d’une jeune femme coincée dans un hôtel attaqué par des terroristes lors des attaques de 2008. 3 jours qui ont terrorisé Bombay et que les habitants de la ville n’ont pas oubliés.
(Sur une note plus zen, petite pause record du monde du nombre de gens qui font du yoga en même temps, avec en tête de gondole le premier ministre Narendra Modi)
Bidonvilles et politique
Tenez, puisque l’on tient le premier ministre du pays, parlons-en : on le sait peu mais c’est un premier ministre d’extrême-droite et très proche, sur sa droite, du RSS, une organisation nationaliste hindouiste et paramilitaire. A son actif, une politique libérale, qui porte économiquement ses fruits – et tant pis si avec la croissance de l’Inde s’est installée une pollution de l’air et de l’eau inquiétante. Tant pis aussi si, à Bombay, la taille des bidonvilles est saisissante : 60% de la population y habite. Pourtant, la ville tente de reloger les habitants de ces abris de fortune, mais au prix d’une fausse bonne idée : le journaliste Thomas Saintourens s’est rendu sur place pour le magazine Géo et il nous a tout expliqué.
Sur un plan moral, le libéralisme économique s’accompagne d’un nationalisme hindou qui exclut délibéremment les 10 % de musulmans que compte l’Inde – avec, notamment, la « politique de la vache » dans certains Etats, qui punit de prison toute personne qui tue ou mange de la viande de boeuf. Enervés par la parano aigue des politiques au pouvoir en Inde, des milliers d’étudiants sont descendus dans les rues de Delhi il y a quelques semaines – une première depuis 25 ans.
Enfin, en ce qui concerne les moeurs, la situation évolue lentement : l’homosexualité est toujours un délit, malgré le coming-out médiatique du prince Manvendra Singh Gohil. Quant aux femmes, même si l’image de Delhi (« ville du viol ») est sans doute exagérée, le harcèlement sexuel est bel et bien une réalité.
En bonus
> Se goinfrer avec un petit-dej à l’indienne, avec la géniale Kirane Grover Gupta.
> Tous les best-of de la semaine ici
> Des cours d’hindi dans le Kesskidi
> Une citation de Gandhi :
La loi de l’amour se montre toujours plus efficace que ne l’a jamais été la loi de la destruction.