« We almost lost Detroit », qu’il chantait l’ami Gilou, dans un de ses somptueux morceaux de la fin des années 70. Et pourtant, non, malgré le désespoir, malgré l’abandon général et la faillite, Detroit est encore là. Et heureusement. Car elle fait partie de ces villes sans qui la face de la musique du XXe siècle aurait été tout à fait différente. Iggy et ses Stooges, la Motown, les White Stripes, J Dilla, les pionniers de la techno (Juan Atkins, Derrick May, Jeff Mills), tous sont nés et ont grandis au coeur de la Motor City.
C’est également le cas de Kenny Dixon Jr. Oui, Moodymann lui-même, légende de la house. Avec 25 piges de présence sur tous les dancefloors du monde, c’est peu de dire que le bonhomme a de la bouteille et une collection de bombes et de bonbons sonores largement suffisante pour vous faire trémousser jusqu’à la fin de l’été si l’envie lui en prenait. Alors méfiez-vous ; ou plutôt, non, réjouissez-vous, car Moodymann, c’est un personnage à part, « le seul vrai rockeur de la house » a-t-on pu lire parfois.
Flambeur, versatile, imprévisible, Moodymann suit ses propres codes, quitte à prendre parfois son public à rebrousse-poil. C’est qu’il est pointilleux sur le respect dû à la musique qu’il défend.« Je ne fais pas de la musique pour que les masses dansent, je fais de la musique pour la petite majorité qui écoute ».
Sachez donc ouvrir vos tympans, car Moodymann sait composer des hymnes charnels impérissables, des échappées deep house subtiles et sensuelles directement connectées à une tradition soul, jazz, disco-funk, bref à toute la black music dont il est toujours utile de rappeler qu’elle fut la source nourricière des musiques électroniques, house comme techno. On pourrait alors la jouer corporate et vous recommander chaudement Le Chant de la Machine (signé Blot & Cousin) si vous voulez un chouia approfondir le sujet, mais après tout vous êtes bien assez grands pour vous faire votre petit coin lecture …
Toujours est-il que dans l’antre centenaire de l’Union Saint-Bruno, c’est une hot long sexy night qui semble se préparer. Alors, un seul conseil s’impose : enjoy the mood !
Moodymann – le samedi 2 juin, à l’Union Saint-Bruno