Il ne fait pas bon vivre à Cuba en 1995 quand on est vieux. L’embargo américain associé à la chute de l’URSS, a mis le peuple dans la dèche jusqu’à crever la dalle. Alors Candelaria et Victor Hugo, plus à l’âge de l’arthrite que de danser la salsa vivent littéralement d’amour et d’eau fraîche. Lui bosse encore dans une fabrique de cigares, elle est blanchisseuse dans un hôtel. Un jour, un caméscope tombe dans un coffre à linge, elle le récupère, ils se filment, avant de le revendre au marché noir. Le refourgueur tombe sur la vidéo et leur propose de faire du porno amateur pour gagner de quoi remplir leurs écuelles.
Candelaria aurait pu être un film misérabiliste jusqu’au sordide mais c’est tout le contraire. Jhonny Hendrix filme avant tout une histoire d’amour entre seniors. La dernière, celle qui compte forcément le plus. Ces deux-là sont pauvres mais incroyablement riches de leur complicité, de leur bienveillance commune et d’une philosophie de vie cherchant le carpe diem même dans la précarité la plus totale.
Hendrix filme ces damnés qui, comme dirait Aznavour, supportent mieux la misère au soleil, avec une infinie tendresse, une belle délicatesse y compris quand il ausculte des peaux et des chairs flétries, mais sous lesquelles palpite ce qu’il reste de vie. C’est le contexte qui est brutal, jusqu’à vouloir tout marchander, y compris la dignité, pas ce couple au crépuscule mais qui s’offre un dernier sursaut de joyeuse libido.
Une joie de vivre pour lutter contre une condition humaine confinée dans la misère par ce qu’il reste d’un régime sur le déclin. Ça se passe à Cuba, ça pourrait se passer dans d’autres pays d’Amérique latine. D’ailleurs, Jhonny Hendrix est colombien. Ce qu’il filme dans Candelaria n’est pas réductible à une vision façon Buena Vista Social Club, mais à un regard plus large sur la dernière lutte d’une vie, celle pour la dignité.
En salles depuis le 4 avril : on vous offre des places ! Le mot de passe de la page Nova Aime vous permettra de participer au tirage au sort :