Paul-Eloi est un élève modèle de la nation start-up, un jeune homme au sommet de son entreprise pour laquelle il n’a de cesse de se fixer des objectifs qu’il atteint et qu’il dépasse. Il est un soldat qui conçoit sa propre vie sur ce modèle de croissance exemplaire ; un employé qui travaille, se dépense comme il faut, s’économise en terme de relations personnelles, investit dans l’immobilier, et retourne au travail pour gagner sa vie. Paul-Eloi a une vie optimisée. Une vie d’efficacité et de croissance. Jusqu’à ce que quelque chose déraille.
L’Inversion de la Courbe est une pièce de théâtre qui peut faire rire ou pleurer, c’est selon. Car si l’on commence par avoir envie de se moquer de ce Stakhanoviste moderne, dévoué corps et âme à la productivité économique, on réalise petit à petit qu’il n’est pas le seul à vivre ainsi. On prend aussi conscience de la puissance du système et de l’engrenage dans lequel Paul-Eloi pensait pourtant s’épanouir. Surtout lorsque l’on sait que cette comédie satirique est un projet écrit et conçu à partir d’histoires réelles.
Car les membres de l’équipe ont tenu à parler du déclassement social avec les mots justes, les mots de ceux qui ont été happés par ce système d’hyperproductivité. En collaboration avec l’Association des Petits Frères des Pauvres, ils ont ainsi conçu le sujet de cette pièce pour aborder finalement autant l’absurdité du monde de l’entreprise que la marginalisation de ceux qu’on qualifie, cyniquement, d’improductifs.
Alors à tous ceux qui se demandent s’ils sont devenus les esclaves d’un système productiviste, à ceux qui s’interrogent sur le sens du travail aujourd’hui, et à ceux qui n’ont pas encore commencé à se poser ces questions – allez donc voir cette pièce jusqu’au 26 février prochain au Théâtre de Belleville !