Maître incontesté du duduk, ce hautbois des bergers d’Arménie qu’il a contribué à partager aux oreilles du monde en collaborant aussi bien à des musiques de blockbusters (Gladiator, The Crow…) qu’avec des musiciens de renoms (Brian Eno, Michael Brook, Nusrat Fateh Ali Khan, Branford Marsalis…), Jivan Gasparyan aujourd’hui âgé de 89 ans a décidé de passer le flambeau à Jivan Gasparyan Jr, son petit-fils. C’est à ses côtés et avec les dudukistes Armen Ghazaryan et Vazgen Makaryan, qu’il a enregistré en 2016 et en quartet au Monastère de Geghard (Arménie) à l’acoustique remarquable, car creusé dans la pierre, Yeraz (Full Rhizome/Buda Records), un album qui est annoncé comme étant son dernier.
Sans même attendre la sortie de cet opus, prévue le 10 novembre prochain, il s’est lancé dans une tournée européenne avec le même ensemble de duduks aux différentes tessitures. Deux dates seulement sont prévues en France. Il était le 27 octobre à Marseille et sera le 30 octobre à l‘Athénée Théâtre Louis Jouvet.
Souvent qualifiée de tristes, les mélodies soufflées à l’aide de cet instrument en bois d’abricotier et à hanche double sont avant tout mélancoliques et prenantes. Il est bien évidemment question de souffrances, celle d’un peuple marqué à jamais par le génocide de 1924, et d’espoirs dans un avenir meilleur.
En l’Abbaye St-Victor, juste au-dessus du Vieux-Port, à Marseille, on pouvait lire sur le visage du vieil homme au souffle étonnant, toutes ces émotions auxquelles s’ajoutaient celles du virtuose qui sait qu’après lui, la magie émotionnelle de cet instrument perdura, que la relève est prête et qu’elle s’appelle qui plus est, Gasparyan, comme lui.