Aujourd’hui dans Vitamine So, un classique du chanteur et poète Sétois repris par Danyel Waro, le maître du Maloya réunionnais.
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Cet esprit « j’écoute aux portes » Sophie, ça t’a donné envie de parler d’un morceau de Brassens ?
Et oui : forcément qui dit ragot dit réputation, et qui dit mauvaise réputation dit Brassens avec son fameux morceau, qu’il a composé en 1952. Ce morceau qui raconte l’histoire d’un homme qui n’embête personne, mais qui ne vit pas comme les autres c’est ce qui dérange. Ça dérange son village, parce qu’il ne se conforme pas et qu’il n’assiste pas aux cérémonies officielles, qu’il est un marginal, au sens premier du terme, de ceux qui sont mis au ban de la société. Ce qui est amusant c’est qu’aujourd’hui, cette chanson nous semble une critique saine et tout à fait raisonnable. Et pourtant à l’époque, elle choque au point d’être censurée, car elle se moque trop frontalement des bourgeois.
Or comme souvent, le talent de Brassens c’est de dessiner des situations, tellement réalistes qu’elles sont comme des tableaux qui s’adaptent à toutes les époques. C’est pourquoi ce titre a été souvent détourné, adapté, et remis au goût du jour. Et ce matin j’avais envie de vous jouer la version chantée en créole réunionnais par Danyel Waro.
Lui aussi s’y connaît en censure, lui qui est passé maître du Maloya, un genre musical né à La Réunion dans les plantations esclavagistes au 18ème siècle autour de trois éléments constitutifs : le créole, la musique et la danse. Ce sont ces trois choses qui ont permit aux réunionnais de tenir, de résister et de transcender la violence du quotidien. Concrètement le Maloya, c’est une danse afro-malgache qui est chantée en créole, et désormais entrée au patrimoine immatériel de l’humanité. Mais elle fut longtemps muselée, du au symbole concret de l’autonomie et de la liberté des réunionnais vis à vis de la culture et de la tradition européennes qu’elle représente.Dans sa reprise de Brassens, Danyel Waro traduit intégralement le morceau en créole, et l’adapte aussi à la réalité des Réunionnais.
Bref. N’écoutons pas aux portes, écoutons plutôt de la bonne musique avec la « Mauvaise Réputation » de Danyel Waro.
Crédit © Pochette de Brassens, Echos du Monde.