« They sold me a dream to dominate me. They want me to be inferior to them » : deux langues, deux continents, une même lutte.
Il y avait eu l’espoir, après les très amples mouvements de décolonisation du milieu du XXe siècle qui avaient permis à nombre d’États, en Afrique, en Asie, ailleurs (pour l’Amérique du Sud, c’était un peu plus tôt), d’une liberté et d’une autonomie locale réelle. L’indépendance, c’est la liberté ? Et puis il y eut, rapidement pour certains et plus tardivement pour d’autres, la désillusion née de ces indépendances qui n’en avaient parfois que le nom et plus du tout l’ambition, ou quand des dirigeants, locaux ou d’ailleurs, sont remplacés par d’autres et que rien ne change vraiment. Aujourd’hui, c’est comme hier ?
En Afrique et en Amérique du Sud, ces constats-là furent nombreux, et ils le sont encore aujourd’hui. Alors, c’est avec une même voix que s’expriment ici, sur ce morceau au titre et aux propos accusateurs (« You Sold Me a Dream »), le Congolais Jupiter&Okwess et la Chilienne Ana Tijoux. Un hymne anti-colonisateur et internationaliste pour ces deux artistes qui n’en sont pas à leurs coups d’essais, la rappeuse chilienne (née en France) étant même à l’origine, durant le soulèvement qui mobilisa le peuple chilien l’an dernier, d’un morceau, « Cacerolazo », devenu l’un des grands hymnes de la révolte.
« They sold me a dream to dominate me. They want me to be inferior to them ». Le morceau chante les désillusions des peuples face aux anciennes et aux nouvelles formes de colonisations, et appelle à un soulèvement plus global. Haïti, Chili, Brésil, Mali, Irak, Colombie, Mexique, Liban, Burkina Faso… « From Congo to Latina America and the whole Africa again all kind of racism, music is loud », dit Jupiter, que l’on voit, à l’image, vagabonder dans les rues d’une capitale mexicaine (Mexico City) marquée, comme tant de très grandes métropoles, par l’écart dévastateur qui peut exister dans un même périmètre entre quartiers immensément riches et zones immensément pauvres. Ségrégations ?
Que ce soit en lingala (la langue de Jupiter) ou en espagnol (la langue d’Ana Tijoux), c’est l’espoir d’un soulèvement qui renverse les ordres établis afin de les remettre dans un autre ordre qui émerge. « Music is the weapon », comme le chantait Fela Kuti…
« You Sold Me a Dream » est extrait de l’album Na Kozonga, prévu le 23 avril 2021 chez Zamora Label.
Visuel © clip de « You Sold Me a Dream »