Durant les prochaines semaines, en attendant leur réouverture, Nova donne la parole aux salles de spectacle et festivals amis de la radio.
Nous vous proposons un petit tour de France de ces structures qui font bouger activement la culture dans leurs régions. Ce sont nos partenaires et camarades que nous vous présentons aux six coins de l’hexagone. Qui sont-ils ? Que défendent-ils ? Quel est le dernier événement qui les ait marqué et quels sont leurs espoirs pour 2021 ? Ils passent tou.t.es par notre petit questionnaire de rentrée.
Ce vendredi, on vous parle du Point Éphémère, une ancienne usine aux abords du canal Saint-Martin entre le 10ᵉ & 19ᵉ arrondissement de Paris qui a muté en club et salle de concert indé. C’est aujourd’hui un lieu incontournable à la programmation curieuse et aiguisée.
– Racontez-nous l’histoire de la salle. Quelle est sa philosophie / son identité
Point Éphémère est un lieu culturel pluridisciplinaire ouvert en 2004 par l’association Usines Éphémères qui investit des lieux en déshérence pour mener à bien une proposition artistique et culturelle.
Le bâtiment de Point Éphémère a été construit en 1922, ce sont des anciens docks de matériaux de construction, ils deviendront par la suite le premier Point P parisien. C’est un des rares exemples d’art déco industrielle à Paris.
Les objectifs de Point Éphémère, en lien avec la Mairie de Paris, sont restés les mêmes depuis son ouverture : le soutien à la jeune création en proposant aux artistes des espaces de travail (plasticiens, danseurs, musiciens), la diffusion de la scène émergente par les concerts, les clubs mais aussi les expositions et les performances et puis favoriser la rencontre avec le public avec des débats, des marchés, lotos et pleins d’autres événements ludiques et savants qui s’entremêlent tout au long de l’année.
Ouvert à tous et toutes dans leurs différences et leurs singularités, Point Éphémère, c’est un esprit alternatif, indépendant et festif qui fait de lui un acteur culturel important de la capitale.
– Quelle est votre couleur musicale / votre ligne artistique ?
Si dans sa programmation, Point Éphémère ne se refuse aucun style musical, le caractère indé est sans nul doute la ligne suivie dans notre salle. Pop, rock, folk, punk, hardcore, électro, hip-hop, tout y a sa place. Les productions peuvent aussi bien être lo-fi que l’écriture et la composition exigeante. C’est notre équipe de programmation et son réseau de partenaires qui en assurent sa diversité (festivals, co-producteurs, agence de booking).
En 16 ans, de nombreux artistes sont arrivés sur la scène de Point Éphémères quasi inconnus pour atteindre ensuite les sommets, peut-être un tout petit peu grâce à nous. Aujourd’hui, quand on fait le compte, on reste abasourdis d’avoir accueilli des artistes internationaux comme The XX, The Gossips et même Adèle, des classiques du rock comme Franz Ferdinand, Lee Renaldo & Thurston Moore de Sonic Youth mais aussi Stephen Malkmus des Pavement ou encore R. Steevie Moore. Et bien sûr le meilleur de l’indé comme Mac Demarco, Idles, Fat White Family ou la relève de la scène française avec Fishbach, Isaac Delusion, Flavien Berger, Ichon,…
Mais à Point Éphémère, la musique ne s’écoute pas qu’en concert. De manière plus intense lors d’événements comme le Disquaire Day, de manière plus festive et décomplexée lors de clubs gratuits tous les vendredis et samedis de l’année. Point Éphémère, c’est aussi des artistes en création chez nous tout au long de l’année, même en pleine crise de la Covid quand le reste du lieu est fermé.
– Un des derniers événements / concerts programmés qui vous a tout particulièrement marqué.
Très compliqué de répondre a cette question tant nous sommes fier.e.s de notre programmation, mais voici une petite sélection :
En salle de concert, nous retenons particulièrement les lives de l’ovni Finlandais Jaacko Eino Kalevi qui défriche la dance music et la pop lo-fi, ou encore celui du plus italien de tous les français – Alex Rossi – qui nous donne juste envie de danser en continu sur son morceau « Tutto va Bene ». Mais nous aurions aussi pu citer les concerts de Sandy (Alex G) ou de Yacht & Larry Gus que nous avons adorés.
Niveau Exposition, on se souvient de celle à 4 mains de Jean Jullien et Yué Wu, « Face à face »: une vingtaine de portraits géants de leurs héros pop nous regardaient.
Ou encore, il y a eu « Les tasses », une immersion dans les usages sexuels dans les toilettes publiques, un succès incroyable pour un sujet pas évident !
Ensuite, on a bien ri à la soirée de la Saint-Valentin avec son karaoké de chansons d’amour et un speed râteau inédit organisée avec nos amies du Smells Like Teen Spirit Festival et mise en musique par Les Soeurs Malsaines.
Nous sommes aussi contents d’avoir pu maintenir en septembre le festival Jerk Off, moment privilégié de la scène artistique et émergente LGBTQ+.
Enfin, quelle tristesse d’être passé à côté de tout le reste, en commençant par le concert de Slift ce fameux 13 mars ou encore le Disquaire Day que nous préparions depuis un moment. Et puis, il y avait aussi le week-end de l’illustration japonaise, notre festival d’été Aou-Cha-Cha-Cha et tous les autres événements que nous voulions programmer.
– Quels sont vos projets / concerts / festivals / envies / utopies pour 2021 ?
OUVRIR, juste ouvrir à 1000%, retrouver notre public, travailler à nos métiers, refaire travailler les artistes, les retrouver. Nous avons bon an, mal an essayé de laisser ouverts les espaces de travail pour les artistes pour que la création continue. Nous accueillons aussi quelques étudiants des Beaux-arts de Paris qui trouvent chez nous des espaces de travail et nous avec eux des moments de discussion et de réflexion pour penser le lieu culturel du futur. Il y aura beaucoup de choses à reconstruire, repenser, retrouver. Mais peut-être avant de réfléchir, on aura aussi envie, besoin de danser, de livrer nos corps confinés au sens de la fête (!).
Avant de réouvrir (un jour), on propose des rencontres privilégiées entre le public et les artistes à 1 (ou 2) mètres en distance.
Ou bien encore, pour reconstruire, rien de mieux que de repenser son passé et surtout demander à notre public, des idées, à travers une Grande Récolte Alors si vous avez des idées fortes (ou chelous), des souvenirs fous et quelques mots doux (car nous en avons besoin), partagez-les nous :
– En nous laissant un message vocal sur notre répondeur au 09-84-35-09-05
– Par mail sur l’adresse : bienoubien@pointephemere.org
– En nous envoyant vos photos, sons, films ici
Patience, patience… Avant de vous retrouver le long du canal Saint-Martin, le Point Éphémère vous propose des invitations pour assister au concert de votre choix dès l’ouverture de la saison.
Pour jouer, cliquez ici !