L’art du emceeing expliqué.
Au fil de l’histoire du rap, quelques plumes hors normes ont transformé l’art d’écrire dans un schéma de 16 mesures divisées en 4 temps. À la manière d’une partition, ou plus exactement d’un sonnet pour ceux qui ont un petit bagage littéraire, il existe une infinité de variations de rythmes et de rimes dans une forme pourtant donnée. Jouer des variations et des différenciations dans ce carcan est justement ce qui distingue les grands emcees des autres.
Ainsi, si les structures de rimes des débuts étaient simplistes et rimaient sur les derniers temps, pour se distinguer, des emcees comme Rakim (le pionnier de la rime multisyllabique dans le rap), Notorious Big, Eminem ou encore Mos Def et Kendrick Lamar plus récemment ont incroyablement complexifié ces schémas d’écriture. À renforts de rimes internes, mais aussi de jeux sonores comme la paronomase, les emcees riment en vérité deux fois plus. D’autant qu’en rimant sur toutes les syllabes le champ de rime s’aggrandit. Pour vous donner un exemple concret en français, récitez cette phase du rappeur Caballero :
« C’est la musique qui m’habite
Tu crois que c’est d’la violence inutile
Mais si j’mutile, c’est grâce à mes rimes multisyllabiques »
ou encore « Le message est sublime, pas subliminal, pas d’surprise
Sur l’beat j’fait subir des supplices aux suce-bites minables
J’sais pas s’tu piges, je supprime subtilement
Les stupides MC’s partent en fumée comme la stup qui s’inhale »
Une formidable vidéo retrace l’évolution de la rime dans l’histoire du rap aux États-Unis, et pour les Anglophones, il y a la une grande richesse de démonstration de l’évolution de ces structures d’écriture sonore.