À Paris, ce musicien de pop funambulesque propose de « contrebalancer les émissions excessives de CO2 » par la transformation savante d’humains en végétaux. Ça vous branche ? Quelle plante êtes-vous ?
Ses racines furent longtemps plantées dans la serre du label Tricatel, pour lequel, en tant que chef de projet, il accompagna la floraison des derniers disques de Catastrophe ou de Chassol, aux luxuriantes arborescences. Parfois, Charles Dollé remixait leurs morceaux ou ceux du taulier, Bertrand Burgalat, sous le pseudo discret de « Cvd ». Lors du premier confinement, on le vit se cacher, dans un clip, derrière une plante d’appartement et un masque de Benoît Hamon, pour une reprise aérienne de l’hymne anti-productivité de Philippe Katerine, La Banane.
Puis cette jeune pousse de 28 ans se remit, en janvier, à titiller nos feuilles de chou. Funambule, son premier single, marche le fil d’une pop tendue entre Beck et Daho, cherchant à équilibrer la légèreté du propos et le soin apporté aux arrangements ainsi qu’aux harmonies vocales. Cet « archipel abandonné » annonce bien entendu un mini-album de sept morceaux franco-anglais à paraître au printemps sur le label Menace, Imago, dont le titre renvoie « à la phase finale de la métamorphose chez certains insectes, notamment les papillons, quand apparaissent les ailes et l’appareil reproductif ». Nous avons du pot : il y sera question d’un « pays de velours », de la suite d’une ritournelle de MGMT, ou de l’épineuse question du téléphone qui sonne au cinéma (quand nous allions au cinéma, souvenez-vous).
Sur le pont de L’Arche de Nova, Charles Dollé rêve encore de transformations. Comme dans le roman Les Métamorphoses de Camille Brunel (éditions Alma, lauréat 2020 du Prix de la Page 111) qui observe les humains se changer, malgré eux, en animaux, le musicien parigot imagine que l’invraisemblable milliardaire aux visées transhumanistes, Elon Musk, développera d’ici 2052 « un amour tout particulier pour les plantes, plutôt que chercher à ne faire qu’un avec les machines ». « Finies les puces qui permettraient de télécharger tout internet en quatre secondes sept : grâce à la simple injection d’une graine de palmier norvégien (…), le sujet évoluera vers le végétal « qui correspond le plus à sa personnalité ». En résultera une société plus silencieuse, où ces belles plantes humaines auront fonction d’absorber nos émissions excessives d’oxyde de carbone, rythmées par les douceurs splendides de l’album Mother Earth’s Plantasia (1976) du Canadien Mort Garson qui, ressuscité, régnera en maître sur la planète, avec son Moog et ses ficus.
Pour voir le clip de Funambule, c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=iVIrujPQmUU&feature=youtu.be&ab_channel=CharlesDolleVEVO
Réalisation : Mathieu Boudon.
Image : Les Gardiens de la Galaxie 2, de James Gunn (2017).