« Visage éclairé » au musée Branly ?
On ne peut pas passer sous silence les expositions sur nos lointaines colonies encore debout. Les Iles marquises, 1500 km en dessous de Tahiti, sont montrées à travers quelques objets au musée parisien.
Ces marquisiens, sur leur 12 iles isolées de la Polynésie françaises, entre montagnes, vallées et falaises, sont moins de 10 000.
Nous avons pris à ces peuples lointains leurs tatouages, leurs surfs, leurs catamarans et tout leur univers élégant et magique. Nous les avons envahis, saoulés, pillés, détournés, manipulés, et nos missionnaires ont achevé le travail en tentant de détruire leurs mythes.
Malgré tous ces abus, erreurs et vols, ces Maoris, dont le territoire est le plus étendu des peuples du monde (toutes les îles pacifique), sont encore debout et encore beaux malgré les ravages, dont les derniers furent de les dépouiller de tous les objets de valeur, donc de culte.
Il s’agit d’Art Sacré, puisque même les cuillères, poutres ou pilons profanes sont ornés de symboles , mythes ou divinités. Pouvons nous encore comprendre des sociétés aussi codifiées et organisées, mais selon des critères opposés aux nôtres ?
Le marquisien est classé « langue de France »!
Il serait bon que les visiteurs, admirant ces objets admirablement ouvragés, pleins de force et de délicatesse à la fois, comprennent ces ex paradis autonomes, lorsqu’ils étaient isolés. (lire Stevenson ou Melville)
Car ces paradis sont perdus à 95%, et les objets exposés peuvent être considérés comme volés. Les musées sont de grands receleurs.
Je ne prône pas la culpabilité, mais au moins la conscience de 2 siècles de laminage pour ensuite dire : comme c’était beau !… Et exposer sans gène quelques bribes de ce que fut leur environnement le plus intime.
Et que ceux qui ressentiront, au delà des mots, un appel, aillent vivre en Polynésie française afin de ressusciter la culture unique de ces peuples qui sont nos matrices et méritent plus qu’une visite.
Pas besoin de passeport.
_ Mata Hoata . Arts et société aux îles Marquises. Musée du Quai Branly. Jusqu’au 24 juillet.
(ces objets restent visibles dans les collections permanentes)