Avec Duras aux fourneaux, vous avez tout de suite imaginé la romancière, dramaturge et dialoguiste dans sa cuisine, tablier enfilé, épluche-légumes dans une main et couteau de l’autre. Car l’écrivaine adorait passer en cuisine. « La cuisine est faite vraiment pour tout le monde. » déclarait-elle avant d’ajouter : « Comme la vie, elle est faite pour tous, pas la littérature ».
Alors quand il s’agissait de rédiger ses propres recettes, elle ne faisait pas de littérature, peut-être quelques ratures dans son cahier rouge, mais préférait avant tout nous mettre l’eau à la bouche car pour elle, la cuisine est l’art du partage. « Marguerite cuisinait pour ses amis. C’était sa façon de dire qu’elle les aimait » confiait Michèle Kastner en préambule d’un petit opuscule baptisé « La Cuisine de Marguerite » paru à la fin du siècle dernier aux Éditions Benoit Jacob.
Excusez-moi, je ne l’ai découvert que ce week-end. Je l’ai salivé, devrais-je dire tant en tournant une à une ses pages, je me suis imaginé dans sa cuisine à Neauphle-le-Château où elle résidait. Oui, je me suis imaginé à ses côtés, le fumet de ses plats me taquinant les narines, lisant ses conseils quant à la préparation du riz : du riz « parfumé » en sac plastique sans marque qu’on achète dans les boutiques d’alimentation vietnamiennes » disait-elle. « Même ce riz, il faut le laver. Raison de plus pour laver l’autre riz, celui qui a une marque, qui est bien empaqueté et vanté à la télé. Il faut le laver à plusieurs eaux pour enlever le reste de son qui l’enrobe et la poussière et l’odeur du sac de jute – l’odeur du cargo – qui est celle du pétrole. Sentez le riz pas lavé et sentez le riz lavé, vous verrez la différence » écrivait-elle avant de confier qu’il faut le laver entre 4 et 7 fois et que sa cuisson nécessite deux mesures d’eau pour une mesure de riz.
Son ultime conseil : n’achetez jamais du riz glacé à la façon de U.B. La marque française T.A. n’est pas fameuse mais lavée, elle se mangera. Je pense que vous avez identifiée sous les initiales, les marques Uncle Bens et Taureau Ailé. Après ce comparatif du riz signé Duras, je vous donne rendez-vous demain même heure même endroit, on parlera bricolage avec Jean-Paul Sartre ou motoculture avec Edgar Morin. Non je plaisante j’aurai mieux à faire !