Chaque jour, Nova met un coup de projecteur sur une nouveauté. Aujourd’hui : « Epilogue » de Daft Punk.
Deux figures casquées se retrouvent au milieu d’un désert. Un long face à face silencieux, le temps de quelques minutes chargées d’intensité. L’une des silhouettes, lentement, dézippe puis laisse tomber sa veste, avant de se retourner. L’autre actionne un bouton dans son dos, lançant ainsi un compte à rebours. Puis la première figure s’éloigne, lentement. Et ensuite, une explosion. L’un des robots part en fumée, sous les yeux du second. Des arpèges électroniques s’élèvent, toutes en émotion, avec des chœurs féminins. À la fin de la vidéo, ces simples chiffres à l’écran : « 1993-2021 ».
C’est ainsi que le monde entier a appris hier, dans un même souffle coupé, la fin de l’un des duos les plus influents, les plus importants, de l’Histoire de la musique populaire. Daft Punk n’est plus. Et Daft Punk a choisi, pour ces adieux aussi inattendus qu’explosifs, de partir en beauté, dans un clip de près de huit minutes au décor évoquant les univers de Jodorowsky, d’Antonioni… mais surtout Electroma, le long-métrage écrit et réalisé par Thomas Bangalter et Guy-Man de Homem-Christo en 2006. C’est dans le désert qui a servi de décor à ce même film qu’on retrouve, quinze ans plus tard, le duo, arborant les mêmes vestes en cuir et les mêmes casques. Comme un épilogue donc, à la fois pour ce film et pour la carrière du groupe.
« Epilogue », c’est le nom de la vidéo apparue hier sur le compte YouTube des deux robots. C’aurait pu aussi être le nom du morceau qui la clôture — une dernière nouveauté pour les fans, un dernier tube pour briser un silence de huit ans. En réalité, ces quelques minutes d’émotion musicale appartiennent à un titre déjà existent: « Touch », paru en 2013 sur le dernier album des Daft, Random Access Memories. On y trouvait, à l’époque, la voix de l’immense Paul Williams : sur cette vidéo finale, ce sont les dernières minutes du morceau qui résonnent, dans une apothéose aussi émouvante que lourde de sens. Sur des cordes emphatiques, des choeurs féminins répètent à l’infini ces quelques mots à la portée cosmique : « Hold on, if love is the answer you’re home ».
On ne pourra pas s’empêcher de penser aux adieux sur disque d’un autre groupe monumental: les Beatles, qui concluaient il y a plus de cinquante ans leur dernier album Abbey Road par ces mots intemporels : « And in the end, the love you take is equal to the love you make ». Une filiation logique pour un même message universel, qui clôt le mythe Daft Punk par cette conclusion inévitable: les robots sont bien devenus humains, after all. Il n’y avait pas de fin plus belle pour le duo français dont l’impact sur l’électronique, la pop, et la musique en général, depuis 28 ans et pour les années à venir, reste absolument infini.