Durant les prochaines semaines, en attendant leur réouverture, Nova donne la parole aux salles de spectacle et festivals amis de la radio.
Nous vous proposons un petit tour de France de ces structures qui font bouger activement la culture dans leurs régions. Ce sont nos partenaires et camarades que nous vous présentons aux six coins de l’hexagone. Qui sont-ils ? Que défendent-ils ? Quel est le dernier événement qui les ait marqué et quels sont leurs espoirs pour 2021 ? Ils passent tou.t.es par notre petit questionnaire de rentrée.
Aujourd’hui, c’est au tour de l’équipe du Petit Bain de répondre à notre questionnaire.
– Racontez-nous l’histoire de la salle. Quelle est sa philosophie / son identité
Petit Bain est né en 2011, fondé par l’association La Guinguette Pirate qui a conduit de nombreux projets ces 25 dernières années (Guinguette Pirate, Batofar, festival Sous la Plage…).
Sa première particularité est bien sûr d’être un établissement flottant, amarré dans le 13ᵉ. Il s’agit d’une barge, pensé par le collectif d’architectes Encore Heureux (oui une barge, et surtout pas une péniche !).
Mais si le lieu est vu avant tout comme une salle de concerts, il se différencie des autres structures par plusieurs aspects :
– Une dimension d’ESS, qui se traduit par le choix d’une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) à but non-lucratif comme structure juridique, mais surtout par des activités plus sous-marines (vous l’avez ?) : actions culturelles sur le quartier, concerts pour les migrants, jeune public.
– Un lieu privé, autofinancé à 90%, mais qui a pourtant toujours eu une image de SMAC / Salle de La Ville, en raison de son engagement et de son caractère hybride, avec des activités concurrentielles « classiques » d’un côté (location, privatisation, activité bar/restaurant estivale, clubbing) et un projet artistique (festival, groupes émergeant, accompagnement, etc…) et social.
Chaque sociétaire de la Scic à une part égale et nous ne sommes rattachés à personne (institution, grand groupe privé, agence de booking)
– L’identité de Petit Bain n’est pas uniquement rattachée à son emplacement, et des projets peuvent fréquemment être développés en dehors.
– La programmation est partagée entre plusieurs personnes, à travers un comité de programmation
– Quelle est votre couleur musicale / ligne artistique ?
Même s’il y a une base principale qui est tourné vers le rock indé, Nous ne nous interdisons rien, notamment à travers plusieurs soirées thématiques :
« State Of Shock « : dédié à la musique expérimentale et bruitiste tout la comme la chanson dégénérée, tous les inclassables, ceux qui sont hors du système et peu représentés.
« I Hate World Music » : Notre soirée dédiée à la sono mondiale, avec la phrase emblématique de David Byrne comme étendard, loin des clichés de ce terme fourretout. Alors que la musique n’a jamais étant globalisée, les poncifs restent forts loin de l’axe UK-USA, alors qu’on trouve autant du métal Kenyan que de l’afrobeat australien.
« Huis-Clos» : La soirée hip-hop de Petit Bain, qui n’a jamais pu commencer à cause du Covid, dédiée plus spécialement aux newcomers français.
En dehors de ça Petit Bain, c’est aussi de l’électro, parfois du jazz, des événements hybrides (ciné-concerts, etc.), et surtout une volonté de programmer les gloires passées et cultes tout comme les artistes de demain, dans une joyeuse pluralité de styles.
– Un des derniers événements / concerts programmés qui vous a tout particulièrement marqué.
Le concert de Moor Mother pour le festival « How To Love » en février dernier, un véritable hypercut pour les gens présents : psalmodies raps, à la fois engagées et poétiques, présence scénique cathartique, instrus entre noise, jazz et hip hop.
Le très beau concert de la Chica, le 21 octobre. Il faisait bon, la bière était fraiche, il flottait un air d’été indien. Le public présent semblait vraiment heureux de voir un concert, même assis, même à 17h. On était prêt pour reprendre les concerts!
– Quelles sont vos projets / concerts / festivals / envies / utopies pour 2021 ?
Malheureusement on a dû annuler plusieurs projets, notre festival « How To Love » (musique et fictions), un festival de musique folk, une carte blanche x festival dédiée au label Nahal (Mondkopf & Frederic Oberland) toujours en stand by. On rêve déjà d’une réouverture ! Même notre saison de « concerts assis », appelée année Zero, semble bien compromise pour le moment.
Pour l’instant on travaille avec le groupe Nova Materia sur une installation à 360 degrés immersive, mais on n’a aucune idée de quand aura lieu la diffusion. On espère pouvoir fêter nos 10 ans aussi, mais le cadre est encore flou. Sur nos utopies, on travaille sur plusieurs projets, notamment le développement durable, afin de réduire notre impact carbone, en tant que lieu, mais aussi vis-à-vis des artistes invités, afin par exemple de limiter les trajets en avion pour un one-shot, ce qui arrive très fréquemment dans le milieu électronique.
Et bien sur d’être un lieu toujours plus engagé, paritaire, inclusif, essayer de travailler à ce futur « monde d’après » qui n’arrive toujours pas.
Notre rêve en 2021: Se faufiler avec difficulté parmi la masse compacte de public pour atteindre le bar, et commander une pinte qu’on peut boire sans mettre son masque entre chaque gorgée. Ça voudra dire qu’on se sera sorti de tout ça!
En attendant le retour des pintes et de la musique en vivant et en direct au petit Bain, les équipes vous offrent des places pour la soirée de réouverture !
Pour jouer c’est —> ICI