La sélection mensuelle de bandes dessinées !
Commençons par Aïna le nouvel album de Jérome K Jérome Bloche, le 25 ème, et comme à chaque fois je ne peux que louer la qualité et la limpidité du boulot d’Alain Dodier, as de découpage, de mise en page et de netteté. Et, comme à chaque fois aussi (et je vous dirais pareil au 26ème), je ne comprends toujours pas qu’une chaîne de télé, de TF1 à une obscure du cable, n’ait pas eu envie d’adapter les aventures de ce privé parisien au solex usagé et chapeau mou, sans armes ni violence. Remarquez, ceci explique peut-être cela.
Nouvelle série chez Rue de Sèvres, Le Cabaret des Ombres est une jolie réussite signée Hautière et Poitevin, qui peut rappeler – et notamment par le soin apporté à l’ouvrage – l’excellent Château des Etoiles du même éditeur. Nous sommes dans le Paris Eiffel de 1900, et une troupe de cabaret (l’homme volant, le lanceur de couteaux, le monsieur muscle, etc..) devient, bien sans le vouloir, la première team de super-héros made in France. C’est astucieux, drôle, parfait de 7 à 77 ans, dense et bien construit. Cette fois, ce sont les studios de dessin animée qui seraient bien inspirés d’y jeter un oeil.
Si le western a été délaissé depuis fort longtemps par le cinéma, il reste prisé en bande dessinée (européenne, notons que les Américains ne sont curieusement pas friands du genre). Difficile de ne pas ouvrir un western sans directement le comparer à Blueberry, L’Odeur des Garçons Affamés chez Casterman, qui n’a pourtant strictement rien à voir, aurait emballé Jean Giraud / Moebius (Jean-Michel Charlier, c’est déjà une autre histoire). Le récit est ample, le dessin de Peeters (Frederik) brillant, peut-être que le scénario de Loo Hui Phang est un poil maniéré, mais ne boudons pas notre plaisir, l’ouvrage dénote par sa qualité dans la masse des nouveautés, et finira probablement dans les classements de fin d’année.
Autre masse, celle des mangas, ou Snegurochka de Hiroaki Samura a retenu mon attention. Récit barré (mais crédible) d’une Russie aristocrate au lendemain de la révolution, qui plonge dans le fantastique avec quelques perversions bien japonaises, tout en étant d’une rigueur impressionnante sur l’aspect historique, que ce soit dans l’histoire ou les décors. Et c’est extrêmement bien léché, maniaque et original.
Enfin, concluons par deux sélections, dans les genres « post moderne » que sont l’auto-bio et le docu-bd. D’abord Rotterdam chez Shampoing / Delcourt, ou Emmanuel Lemaire met en scène sa nouvelle vie dans le port hollandais, c’est évidement sincère, fort joli à voir (un petit côté Quino dans les expressions) et contre toute attente (perso Rotterdam, ça ne me fait pas rêver) dépaysant. Et rafraichissant aussi, mais ça on pouvait un peu plus s’y attendre vu le sujet.
Et côté docu-bd on recommendera à nouveau la collection Sociorama, dont le quatrième volume Turbulences est consacré au mode de l’aviation des grandes lignes, des passagers au capitaine en passant par tout le personnel. Comme c’est l’usage dans la série, on part d’une enquête sociologique précise, pour arriver à une bd aussi fourmillante d’anecdotes que parfois extrêmement drôle. Et vous aurez de quoi meubler la conversation avec votre voisin.e lors de votre prochain vol.
Bonne lecture !