Vestiges du Chaos.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Alan Vega, le chanteur de l’un des groupes de punk les plus subversifs et les plus avant-gardistes du siècle passé (Suicide, soit l’alliance de l’orgue et les synthés de Martin Rev et les cris angoissés de Vega) s’est éteint, non pas de son propre fait comme le nom de son groupe aurait pu longtemps le présager, mais bien « paisiblement, dans son sommeil », comme l’a précisé sa famille. Sortie tranquille pour existence mouvementée.
Orchestrateur d’un chaos désordonné, précurseur d’un post-punk minimal et sale, avec comme attirail principal un râle puissant et raide, Vega, que ce soit via Suicide ou en solo, avait validé au cours des deux dernières décennies son statut d’icône discrète mais certaine du rock underground, devenu au fil des années résolument arty (via Pan Socic, via Étant donnés, ou via Cubist Blues)
Sa dernière apparition vocale en date, sortie de piste ô combien séduisante, restera donc cette collaboration, ténébreuse et sépulcrale, aux côtés du Français Christophe sur « Tangerine », l’un des morceaux les plus importants de son dernier album Les Vestiges du Chaos.
Le Chaos, dernier nom idéal, comme cette mixtape que l’on se remet aujourd’hui et qui condense la carrière d’un artiste que l’on salue ce matin, et qui rejoint aujourd’hui le Panthéon de ces figures qui permirent à l’underground de joindre, destinée fabuleuse, l’Histoire que l’on écrit avec une grande majuscule.