#FaceCritics : prendre le monde de l’art à rebrousse poil pour mieux le faire avancer.
Ceux qui reprochent à l’art contemporain d’être une posture ne connaissent peut-être pas Marina Abramovic. L’artiste est en effet connue pour s’être donnée corps et âme à son oeuvre. En 1974, elle réalise “Rythme Zero”, une performance où son corps est exposé au coeur d’une galerie de Naples. Elle se montre à la manière d’un objet et laisse le public faire ce qu’il veut d’elle. Les spectateurs sont libres de la toucher, de la manipuler ou de la piquer avec des ustensiles qui sont posés à côté d’elle. Et puis en 1977, Marina Abramovic va encore plus loin pour s’offrir à son public.
A l’ouverture d’une exposition à Bologne, elle et son compagnon se tiennent nus face à l’entrée. Ainsi les visiteurs, doivent se faufiler entre eux deux pour entrer et ne peuvent éviter de les toucher. La plupart des gens baissent les yeux, gênés par ce cadre de porte formé de corps nus. Il fallait oser. Avec cette oeuvre majeure l’artiste se donne toute entière, soumise aux regards des spectateurs, qui jugent bien souvent cette performance d’indécente, de déplacée, de provocatrice.
Pourtant, 40 ans après ce fait d’arme, l’histoire de l’art semble lui avoir donné raison : Marina Abramovic est encore considérée comme la papesse de la performance, celle sans qui l’art contemporain n’aurait peut-être pas dépassé ses propres limites. Sans doute parce que pour évoluer, l’art a eu besoin de se montrer sous toutes les coutures, de se mettre à nu, de s’exposer au regard des autres, de se mettre en danger en somme.
A 70 ans, Marina Abramovic travaille avec Jay Z, Lady Gaga ou Sidi Larbi Cherkaoui, et son oeuvre continue de défier les attentes et les critiques.