« Island Songs » : voyage visuel, voyage sonore
On connaît Ólafur Arnalds depuis un moment. Hyper-productif, et malgré son âge pas si avancé que ça (30 piges), le garçon donne la sensation, depuis une petite dizaine d’années, d’être absolument partout. Partout, du moins, dès lors que l’on se penche sur ce qui se passe du côté de l’île la plus isolée du continent européen (qui n’est donc pas la Grande-Bretagne), lui qui se positionne justement à la tête de toute cette scène indé islandaise – Samaris, Asgeir, Sigtryggur Baldursson, Agent Fresco – qui a su se détacher, en profitant toutefois de leurs expositions planétaires, de la diva locale – Björk – et du groupe phare du pays – Sigur Rós -.
Auteurs de trois disques perso remarqués ces dernières années – Found Songs, Living Room Says, For Now I Am Winter -, compositeur de bandes-sons – Another Happy Day, Gimme Shelter… –, on avait également vu l’Islandais Arnalds collaborer avec l’Allemand Nils Frahm, sur un album produit à 4 mains et évocateur d’1 milliard de possibilités. Et puis bien sûr, il y a aussi le fascinant projet Kiasmos, mené avec Janus Rasmussen (Bloodgroup, Byrta), élément le plus club de sa discographie mais qui n’oublie pas pour autant, ADN oblige, d’immiscer une tendresse viscérale à l’intérieur de ces compositions minimales empreintes d’électronique, de symphonique, et de beaucoup de vie. L’an passé, aussi, il fut invité à concocter la précieuse compilation annuelle Late Night Tales (après Nils Frahm, Jon Hopkins, Franz Ferdinand et Django Django ces dernières années), référence en la matière et toujours guettée avec pas mal d’attentes. Stakhanovisme absolu.
Pas rassasié, et alors qu’il tourne encore avec Kiasmos (comme récemment au Peacock), Ólafur a également lancé dernièrement le projet Island Songs, qui a pour ambition, jolie, de faire découvrir son pays natal en temps réel à ceux qui n’ont pas encore eu la chance d’en mesurer toutes les richesses. De quelle manière ? En la visitant concrètement, cette île fantasmagorique, et en mémorisant les rencontres qui s’y produisent via l’enregistrement de morceaux bientôt regroupés sur un album, naturellement nommé Island Songs, et qui sortira le 12 août en digital. Ces morceaux, forcément imprégnés de la culture inhérente aux paysages visités (7 endroits au total), ils sont aussi accompagnés de clips, un par semaine et diffusés quelques heures simplement après leurs enregistrements. Et tout est absolument superbe.
Un processus de composition rapide et instinctif qui n’est pas sans évoquer celui déjà mené en 2009, qui avait alors consisté à produire un titre par jour durant tout une semaine, et diffusé dans la foulée.
De ce voyage quasi initiatique, on vient de franchir la 5e étape. Celle qui mène à Mosfellsdalur, petite ville à 30 minutes de Reykjavík, pas sélectionnée au hasard puisque c’est là-bas qu’a grandi le jeune Ólafur que l’on imagine alors très bien, allez savoir pourquoi, petit garçon hyperactif et hyper intelligent.
Tout se regarde par ici. Ouvez les pupilles, ouvrez les tympans.