Ce matin on fête les 7 ans de l’album « To Pimp A Butterfly » de Kendrick Lamar.
Et si on a tout à fait envie de célébrer ça, ça nous rappelle aussi que Kendrick est bien silencieux depuis un petit bout de temps.
Mais ne soyons pas des esprits chagrins, et souvenons-nous donc de ce disque, troisième album du rappeur de Compton, sorti un 15 mars 2015. Un disque supra dense, parce que soigné, coproduit avec les meilleurs, coécrit avec beaucoup d’intelligence, très observateur et critique de l’Amérique contemporaine.
C’est qu’entre ce projet et le précédent, Kendrick a pris le temps de mûrir son rapport à la musique, à la célébrité, et à la question du racisme systémique, de l’oppression, des violences policières. Il a fait un voyage initiatique en Afrique du Sud, sur les traces de Mandela, il a lu de la sociologie, il a discuté. Il a écouté beaucoup de musiques noires américaines, et creusé ce qu’elles ont de profondément politique.
Un album puissant mêlant jazz et hip hop
Et c’est pour ça que To Pimp a Butterfly ressemble à un manifeste, dans la forme, dans l’efficacité des morceaux, avec le flow incisif de Kendrick qui prêche la révolte contre les injustices. Et qui s’inscrit comme ça dans une tradition encore plus large que le rap.
Et puis le niveau de production est assez dingue – on y croise le talent de musiciens de jazz, de pop expérimentale, de funk, de gfunk, des Thundercat, Flying Lotus, Pharrell Williams, Dr Dre, Terrace Martin. Ce qui fait que cet album est riche comme un film ou un roman, avec une bande-son, des interludes, des moments où l’on se détend, et d’autres où on a envie de brûler le pavé.
À l’époque, les critiques d’ailleurs ont essayé de faire entrer ce disque dans des cases : rap conscient, jazz hip hop, hip hop existentialiste, album cathartique, psychanalytique.
En tout ce qui est sûr c’est que cet album il s’écoute avec des sous-titres, des notes de bas de pages, une iconographie, une biblio. Et qu’il posait des questions qui à défaut de réponses ont trouvé des échos.
On écoute le morceau Alright, qui est devenu un des hymnes de manif « Black Lives Matter » aux États-Unis et qui, quand Kendrick le jouait en live, devenait une liesse comme j’en ai rarement vu.
Visuels © Pochette de l’album « To Pimp A Butterfly » de Kendrick Lamar