À la recherche de lui-même, le producteur a trouvé ce morceau, “SPECTRE : Shin Sekai”.
« Quand on part sur les traces – d’une œuvre, d’une personne, du passé -, on ne retrouve jamais vraiment ce qui était. On se trouve soi ».
Non, vous n’assistez pas à un épisode bonus d’En thérapie, la série d’Olivier Nakache et Eric Toledano qui cartonne sur Arte et qui se plonge dans l’intimidé d’un psy, filmé face à cinq de ses patients. La thérapie à laquelle vous assistez est celle de Para One, DJ et producteur français co-fondateur de label (Marble, aux côtés de Surkin et Bobmo), auteur de nombreux disques, collaborateur régulier de la réalisatrice Céline Sciamma, habitué de cette antenne (à réécouter : son Teuf d’appart du mois de mai dernier).
Trappeur lancé à la recherche de sa propre histoire, Para One est, ces derniers mois, “parti d’un secret de famille autour de la figure du père” et en est ressorti avec un disque absolument expérimental, fusion transcendante et transgenre de musique minimale, de techno de Detroit, de percussions venues de tous horizons. Entre le Mystère des Voix Bulgares, Jeff Mills et Dead Can Dance ? C’est à-peu-près ça. Enfin… Oui, à-peu-près.
J’avais besoin de sortir de patterns et de systématismes liés aux formats et de prendre des
Para One
virages inattendus. Pour cela il a fallu avant tout m’autoriser.
SPECTRE : Machines of Loving Grace. De ce disque construit au sein de voyages effectués à une époque où il était encore possible de le faire (à Bali, au Japon, en Bulgarie) et intitulé comme un genre de prière cyber-punk en provenance du Tibet (pourquoi est-ce que ça ne viendrait pas de là, après tout ?) est extrait le morceau “SPECTRE : Shin Sekai” et un clip réalisé par William Laboury, annonciatrice d’un triptyque. Cet objet audiovisuel est cérébral, vous êtes prévenus, les méninges vont chauffer.
On parlait du Mystère des Voix Bulgares et pour cause : le célèbre chœur bulgare (spécialiste des enregistrements a capella, dont certains disques parurent, excusez du peu et excusez l’étrangeté, sur le label 4AD) pose sa voix effectivement mystérieuse mais aussi intense, bouleversée, cathartique, sacrée, hautement perchée, sur ce morceau qui sent la fin de siècle et le début d’un autre.
Para One, à propos de cette collaboration inattendue : “Leurs harmonies particulières à la limite de la fausseté volontaire, entre Orient et Occident me fascinent depuis longtemps. Le texte qu’elles chantent est une langue inventée. L’idée, c’était vraiment de créer un chant traditionnel, cosmique, d’une autre planète”.
Sur cette autre planète, outre la langue factice, mais bien réelle de ces Bulgares éternelles, ajoutons quelques percussions émanant de l’île de Sado au Japon et un violon signé Arthur Simonini, et concluons que cet ovni dont nous vous proposons l’écoute aujourd’hui s’accompagne de trois remixes (l’un est signé Actress, l’autre Alva Noto et encore un autre par Speakwave). Ouvrez votre esprit, car celui-ci est sur le point, puisque vous venez d’appuyer sur Play, d’entrer dans une transe très, très lointaine.
Machines Of Loving Grace, le nouvel album de Para One, paraîtra au mois de mai. D’ici là, prenez non seulement soin de vous, mais également des autres, de vos chakras et de tout ce dont il est possible de prendre soin.